Une victoire en demi-teinte

Le 30 août, lors du troisième round des négociations, un accord a été trouvé entre les organisations de producteurs de lait et le groupe Lactalis afin d’arriver à un prix du lait à 280 EUR/1000l en août avec une progression de 5 EUR/1000l tous les mois jusqu’en décembre afin d’atteindre 300 EUR/1000l ce mois-là.
Cela permettrait, selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) d’obtenir un prix moyen annuel de l’ordre de 275 EUR/1000l.
Les actions de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs bloquant les sites Lactalis sur toute la France ont donc été arrêtées.
« Le prix du lait négocié par le Groupe Lactalis pour les prochains mois est largement supérieur à son environnement économique et à ses principaux concurrents coopératifs, dont la répartition d’activités est proche de la nôtre », a indiqué Michel Nalet, porte-parole de Lactalis dans un communiqué du même jour.
Le Premier ministre Manuel Valls a salué de son côté sur Twitter cette « sortie de crise positive pour le secteur laitier ».
« Satisfaction que tous les acteurs se soient mobilisés et aient pris leurs responsabilités », a-t-il ajouté.
La FNPL, la FNSEA et les JA se félicitent
« Je suis fier de cette victoire rendue possible par l'action conjointe et complémentaire du syndicalisme et des organisations de producteurs », se félicite le président de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) Thierry Roquefeuil dans un communiqué conjoint de la FNPL, de la FNSEA et des JA, suite à l'accord.
Cet accord « fait mentir la morale de La Fontaine ! Le plus fort, le groupe Lactalis, a été contraint de lâcher et de revaloriser le prix du lait », estiment les trois syndicats.
Et T. Roquefeuil de nuancer: cet accord « ne va pas à lui seul répondre à la crise laitière qui perdure. La responsabilité des autres entreprises laitières est évidemment engagée ».
La Conf’ dénonce une crise qui continue
« Les éleveurs et éleveuses ne s’en sortiront pas avec une aumône, même si elle soulagera certainement, un peu, leurs trésoreries », observe la Confédération paysanne dans un communiqué du 30 août à la suite de la négociation entre les producteurs laitiers et Lactalis du jour même.
« La satisfaction affichée à la sortie de la réunion fait surtout craindre que ce prix devienne une référence », continue le syndicat qui rappelle que « 0,27 EUR/l en moyenne sur l’année, c’était le prix moyen de l’année de crise 2009 ».
Selon le syndicat, « la crise ne sera pas terminée tant que des mesures de réduction obligatoire de la production ne seront pas mises en place au niveau européen ».
« Rire ou pleurer »
Dans un communiqué du 30 août, les éleveurs laitiers de l'Organisation des producteurs de lait (Coordination rurale) « se demandent s'il faut rire ou pleurer » après l'annonce d'un accord entre Lactalis et les organisations de producteurs annoncé le même jour.
« Quel syndicaliste digne de ce nom peut honnêtement se féliciter d'être parvenu à un accord couvrant à peine les charges pour 50 % des producteurs ?! », lance l'OPL.
Pour le syndicat minoritaire, « présenter un petit pas comme une avancée décisive et presque historique est une tromperie indigne qui berne tout le monde mais pas les producteurs ».
Selon l'OPL, cet accord « condamne les exploitations les plus fragiles à cesser leur activité ».