Unis autour de la noix
Créée en mars dernier, l’« Association nationale Noix de France » (A2NF) a pour ambition de travailler sur tous les sujets qui permettront le développement et la pérennité de la filière noix.
« Devenir un acteur incontournable de la filière noix auprès des pouvoirs publics afin d’exprimer nos inquiétudes et faire en sorte que nos demandes soient prises en compte », tel est l’objectif de l’« Association nationale Noix de France » (A2NF), selon son président Christian Nagearaffe, producteur de noix dans la Drôme.
A la veille de la récolte de noix, il revient sur le travail entrepris depuis six mois que l’association loi 1901 a été constituée. « Il y a beaucoup de sujets sur lesquels nous n’arrivions pas à avancer, confie le nuciculteur. Mais aujourd’hui, cette association nous donne la chance d’être structurés. La crise de 2022 a été une vraie prise de conscience de cette lacune. Depuis, nous œuvrons pour rassembler et représenter tous les producteurs de noix de France, et faire avancer les dossiers qui pèsent sur la filière. » Créée le 18 mars 2025, l’« Association nationale Noix de France » regroupe 72 % des volumes et 76 % des surfaces nationales. Elle intègre également 28 entreprises dont neuf organisations de producteurs (OP) et deux associations de producteurs. Ses adhérents s’acquittent d’une cotisation d’un montant de cinq euros la tonne. « Par rapport à l’expérience de l’association AOP Dynamic (1), nous avons voulu que cette nouvelle structure rassemble l’ensemble des producteurs. Comme nous avons besoin de moyens pour fonctionner, nous constituons un dossier pour demander une extension des règles, qui nous autoriserait à appeler des cotisations auprès de tous les producteurs de noix de France. »
Donner des perspectives
Pour les responsables de cette nouvelle structure composée d’un bureau rassemblant des membres issus des deux bassins de production de noix (Sud-Est et Périgord), les tâches sont nombreuses. Déterminés à parler d’une seule voix et à devenir un interlocuteur incontournable, ils travaillent à mieux connaître la production de noix française, (en termes de nombre de producteurs, de volumes, de surfaces), à mieux coordonner l’ensemble de la filière, à organiser les travaux de recherche menés par les deux stations nucicoles, à demander des homologations ou des dérogations pour l’utilisation de certaines molécules. Au niveau institutionnel, les nuciculteurs ont des contacts avec Gefel (Gouvernance économique des fruits et légumes), le CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes), Interfel (l’interprofession des fruits et légumes frais) et Felcoop (Fédération des coopératives et SICA de producteurs de fruits et légumes frais et transformés, de pommes de terre et des horticulteurs).
Bien décidée à œuvrer aussi pour favoriser la consommation de noix, l’association viendra renforcer le travail mené par les deux appellations du fruit à coque en matière de communication et de promotion. Il est donc prévu qu’elle participe financièrement à la prochaine campagne radio portées par la noix de Grenoble et la noix du Périgord. « Ce sont de gros chantiers, concède Christian Nagearaffe. Mais ils sont indispensables pour l’avenir de la filière. Notre idée est de mettre en œuvre une feuille de route pour les cinq prochaines années, de donner des perspectives et de la visibilité aux producteurs. Pour cela, nous sommes prêts à nous donner les moyens de réussir. »
Isabelle Brenguier
(1) Association d’organisations de producteurs encore active il y a une quinzaine d’années
Les droits de douane et les noix
Le mois dernier, quand l’Union européenne préparait des mesures de rétorsion suite aux droits de douane imposés par Donald Trump, les représentants de l’A2NF se sont rendus au ministère des Affaires étrangères pour voir si la noix américaine pouvait être concernée et faire en sorte que ses taux soient remontés. Sans que des chiffres précis ne leur soient donnés, cette rencontre leur avait donné de bonnes raisons d’être optimistes. La suite leur a donné tort. « Quelle déception, quel mécontentement pour nous d’apprendre dans la presse que la noix en provenance d’Outre-Atlantique fera l’objet d’une suppression pure et simple de ses droits de douane. Ainsi, au lieu d’être rehaussés comme nous l’espérions, l’Union Européenne les supprime. Finalement, la situation se trouve encore dégradée par rapport à avant les annonces de Donald Trump », se désole Christian Nagearaffe, le président de l’« Association nationale Noix de France » (A2NF). En outre, nous savons qu’il y a un contingent de 500 000 tonnes de fruits à coque (noix, amandes, noisettes…) exemptés de droits de douane avec un accès facilité aux marchés. Avec tout cela, nous nous rendons bien compte que l’agriculture française est complètement sacrifiée. Le constat est clair : nous sommes très faibles et nous ne sommes pas respectés. Nous sommes la variable d’ajustement par rapport à d’autres activités telles que l’industrie automobile. Plus que jamais, nous avons besoin aujourd’hui, d’une prise de conscience des pouvoirs publics, qu’ils arrêtent de nous ajouter des contraintes ».
IB