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Mobilisation

Dans le Vercors, les éleveurs bovins s’opposent au Jumping équin 

Inquiets face au risque de propagation de la dermatose nodulaire contagieuse sur les troupeaux bovins, les Jeunes agriculteurs du Royans-Vercors ont bloqué les routes jeudi 10 juillet pour s’opposer à un rassemblement équin.

Par Isabelle Doucet
tracteur
QAP JA
Des barrages filtrants ont barré l'accès des bétaillères au Vercors.

Les Jeunes agriculteurs des quatre montagnes, soutenus par les JA du Royans-Vercors et des éleveurs du plateau, ont organisé une action au pied levé jeudi 10 juillet sur les routes départementales du secteur de la Chapelle-en-Vercors, Saint-Agnan, Saint-Nizier-du-Moucherotte, Sassenage et Choranche.

Une trentaine d’agriculteurs ont bloqué le passage pour s’opposer au Jumping équin prévu du 11 au 14 juillet à Villard-de-Lans, de crainte que les chevaux ne transportent la mouche vecteur de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

« Aucune prise de risque »

« Lors de la réunion sur la dermatose nodulaire contagieuse qui s’est déroulée mardi 8 juillet dans la Bièvre, les rassemblements d’animaux ont été fortement déconseillés par le Groupement de défenses sanitaire de l’Isère (GDS38), relate Quentin Argoud Puy, président des JA du canton des Quatre montagnes. L’information a été transmise aux organisateurs du jumping de Villard-de-Lans qui n’ont pas souhaité arrêter la manifestation prévue ce week-end. »

C’est jeudi matin que les éleveurs du Vercors ont commencé à se mobiliser, les responsables demandant à rencontrer les organisateurs du concours. « J’ai eu tous les éleveurs du plateau au téléphone durant l’après-midi. Tous m’ont donné la même réponse : aucune prise de risque », déclare le responsable JA.

La réunion avec les organisateurs s’est finalement tenue en fin d’après-midi avec quatre représentants des agriculteurs, Arnaud Mathieu, le maire de Villard-de-Lans, des élus, Sébastien Simian, le président du GDS Isère et Jean-Max Lebaillif, coprésident des JA Isère. 

« Nous avons essuyé un refus de la part des organisateurs du jumping, reprend Quentin Argoud Puy. Ils ont essayé de négocier sur la désinsectisation, mais nous avons demandé l’annulation complète du concours et la non-venue des chevaux. Nous n’avons pas été pris aux sérieux par les organisateurs alors que le maire de Villard-de-Lans comprenait notre inquiétude. »

Barrages filtrants

Les négociations n’avançant pas, les responsables syndicaux et représentants des agriculteurs ont décidé qu’aucune bétaillère avec des chevaux ne monterait dans le Vercors. Les barrages filtrants ont été rapidement mis en place sur les quatre routes d’accès au massif. 

« Notre but était de faire comprendre aux organisateurs que nous n’étions pas là pour rigoler. Nous avons laissé deux agriculteurs sur place pour poursuivre les négociations. Le maire a craint les débordements et un risque de trouble à l’ordre public. » Un arrêté devait être pris en ce sens.


Barrage à Saint-Nizier-du-Moucherotte c QAP JA

Dans un communiqué publié le 11 juillet sur les réseaux sociaux Arnaud Mathieu indique en effet : « Le Maire de Villard-de-Lans a pris la décision d’annuler l’évènement d’une part pour éviter tout facteur d’aggravation du risque d’arrivée de la dermatose et d’autre part pour garantir l’ordre public compte tenu des débuts de blocage routiers constatés hier soir et des risques d’affrontements. » Les barrages ont été levés vers 23 heures sans heurts et sans avoir eu besoin de refouler des bétaillères.

Le jumping équin annulé

Patrice Faure, le président de Grenoble Jumping Events, a annoncé à son tour l’annulation de l’événement sur la page Facebook de la manifestation sportive, jeudi 10 juillet dans la soirée. « Sur une décision de la mairie de Villard-de-Lans, et la publication d’un arrêté municipal, suite à l’action du monde agricole menaçant de bloquer l’accès au plateau du Vercors, l’association Grenoble Jumping Évents se voit dans l’obligation d’annuler le jumping », a-t-il écrit.

Si les organisateurs du jumping ont fini par annuler la manifestation à contrecœur, estimant que leurs chevaux ne pouvaient pas contaminer les bovins, en revanche les éleveurs vertacomicoriens poussent un ouf de soulagement.

« Il y avait une grande inquiétude du fait des mouvements d’animaux. Il y a des enjeux importants derrière la maladie. Si elle déborde sur le Vercors, un territoire où il y a une grosse dynamique agricole autour de l’élevage bovin, ça serait la fin. C’est la raison pour laquelle nous avons bloqué l’accès au plateau assez bas. »

Quentin Argoud Puy salue l’engagement des agriculteurs, mais aussi la compréhension des élus. « Nous avons eu une grosse mobilisation en très peu de temps, souligne-t-il. Cela prouve l’engagement du milieu agricole dans le Vercors. Il y avait des JA, mais aussi des anciens et des éleveurs de toutes les espèces. »

« Nous avons été informés de la tenue de cet événement qui allait contre le bon sens et nous avons donc prêté main-forte aux JA de l’Isère en bloquant les routes côté Drôme, confirme Nicolas Brun, président des JA du Royans-Vercors. Le réseau a été très réactif. Tout le monde s’est très vite mobilisé. »

Enfin, Quentin Argoud Puy ajoute que les agriculteurs ont eu la surprise de découvrir sur les registres d’inscription que des éleveurs équins savoyards devaient venir de la zone réglementée, « ce qui a alimenté les tensions ».

« On prend un coup sur nos élevages avec cette maladie, la tenue du jumping n’était pas souhaitée même si le cheval n’est pas porteur, il peut apporter les vecteurs de la maladie, a déclaré de son côté Jean-François Giguel, secrétaire général de la FDSEA de la Drôme présent sur place. Un choix a été fait afin qu’il n’y ait pas de bovins dans les mobilisations agricoles, notamment par le biais de la Direction départementale de la Protection des populations de l’Isère. Cette maladie, nous ne la connaissons pas, elle est nouvelle en France. Elle n’est pas anodine car à chaque cas positif, le troupeau doit être abattu. Des troupeaux entiers risquent d’être décimés. Si c’est le cas, c’est l’histoire d’une exploitation qui s’en va. »

La fête du bleu sans animaux

Sur les recommandations du GDS, les éleveurs du Vercors avaient pris la décision en début de semaine dernière d’annuler tous les rassemblements d’animaux, à commencer par leur présence à la Fête du Bleu Sassenage qui se déroulera les 26 et 27 juillet à Méaudre et devait s’accompagner d’un comice et de l’anniversaire des 150 ans de la station d’élevage juillet de Villard-de-Lans.

Par ailleurs, le Comice agricole Royans-Vercors prévu le 23 août ne devrait pas non plus accueillir d’animaux cette année.

ME et ID