Vacciner en urgence pour freiner l’épidémie
Avec 32 foyers confirmés à la mi-juillet, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) inquiète les éleveurs de Savoie et Haute-Savoie, sans compter les départements alentours. La campagne de vaccination obligatoire débute dans un climat tendu, entre urgence sanitaire, pression logistique et mobilisation collective. Éclairage avec Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie.

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue sa progression dans les Savoie, avec 32 foyers confirmés au 20 juillet. « Nous restons dans le même périmètre que depuis dimanche dernier (13 juillet), mais la pression reste forte. Les abattages se poursuivent. Il y en a encore eu aujourd’hui, il y en aura malheureusement encore demain, notamment au vu du délai d’incubation de la maladie », explique Bernard Mogenet, président de la FDSEA des Savoie.
Un périmètre sous tension
Si les foyers de DNC ne se multiplient pas pour le moment, la pression sanitaire, elle, ne faiblit pas. « Nous faisons notre maximum pour soutenir nos éleveurs en cette période difficile, en restant auprès d’eux le plus possible », assure-t-il. Les zones les plus touchées concernent notamment le pays de Faverges, l’Albanais savoyard et haut-savoyard. Les autorités sanitaires ont défini une zone de protection de 20 km et une zone de surveillance étendue à 50 km, couvrant environ 3 400 élevages pour 284 000 bovins.
Vaccination sur les chapeaux de roues
Face à l’ampleur de la maladie, la vaccination obligatoire a été initiée dès le vendredi 18 juillet. « Nous avons travaillé de concert avec le groupement de défense sanitaire (GDS), Jeunes agriculteurs (JA) et la chambre d’agriculture. Nous sommes d’ailleurs très reconnaissants de la solidarité qui s’exprime dans les départements environnants », souligne Bernard Mogenet. En effet, des départements voisins d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté n’ont pas hésité à soutenir leurs collègues en envoyant du matériel de contention pour mener à bien les vaccinations. « Les vaccins arrivent doucement mais sûrement, la logistique est parfois compliquée, mais nous faisons au maximum pour vacciner le plus rapidement et efficacement possible. » Des vaccins vivants atténués en unidoses, administrés en injection sous-cutanée. « À 10 jours, nous obtenons une première immunité, l’immunité complète arrive ensuite à 21 jours », précise-t-il. La consigne est claire : vacciner les bovins en bâtiment en priorité (vaches laitières, génisses, taries) pour maximiser les volumes, tout en ciblant les troupeaux situés à proximité des foyers. La campagne repose donc sur un fort maillage local : vétérinaires sanitaires, GDS, JA, chambres d’agriculture, groupements d’éleveurs. « Des volontaires, notamment des élèves vétérinaires, viennent aider à changer les aiguilles, cocher les documents, gagner du temps. Chaque seconde compte. » À ce stade, le stock de vaccins est annoncé comme suffisant, à condition que la zone ne s’agrandisse pas. La réussite de l’opération repose désormais sur la coordination locale et la mobilisation générale. « Même si la solution d’abattage total des lots infectés paraît très sévère, elle reste à ce jour la meilleure solution pour endiguer l’expansion de la maladie », conclut Bernard Mogenet.
Charlotte Bayon