Virus MHE et FCO : « Les éleveurs doivent absolument vacciner »
Après une année 2024 marquée par une forte recrudescence des virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO) et de la maladie épizootique (MHE) en France, la situation sanitaire reste sous surveillance. André Gauffier, adjoint au chef du service régional de l'alimentation (SRAL) de la Draaf, rappelle que seule une vaccination massive pourra contenir la reprise épidémique redoutée cet été

« Aujourd’hui, la situation est relativement calme, sans nouveau foyer déclaré, car nous nous trouvons encore en période vectorielle », précise André Gauffier. Ce dernier rappelle que les deux virus (FCO et MHE) partagent le même vecteur : un minuscule moucheron, appelé culicoïde. En piquant un animal contaminé, l’insecte peut transmettre le virus à d’autres ruminants. « La période de risque s’étale de mi-mai à mi-décembre. On peut s’attendre à une reprise des cas autour de la mi-juillet ou en août, comme l’an dernier », présage-t-il.
L’héritage douloureux de 2024
L’année passée a été marquée par une flambée inédite de FCO, notamment du sérotype 8. Déjà présent dans le cheptel régional, ce virus avait muté en une forme plus agressive. « Cela a fait des ravages, notamment chez les ovins, dans le sud de la région, avant de remonter vers le centre et les Savoie. » Les conséquences ont parfois été désastreuses pour les éleveurs, avec un taux de mortalité élevé, des pertes de cheptels et des baisses de la reproduction. « Lorsque cela affecte des béliers, ce sont des années de travaux génétiques qui sont perdues », se désole-t-il. Dans certaines zones, la majorité des élevages a été touchée. Le choc a aussi été économique, avec une flambée des prix de la viande ovine : « Si votre gigot de Pâques vous a coûté cher cette année, c’est notamment à cause de cette pénurie », illustre-t-il.
Un arsenal vaccinal à mobiliser
« Le vaccin est notre seule arme », assure-t-il. Pour la FCO de type 8, des doses sont disponibles. Pour les autres types, comme la FCO-1 présente en Espagne, un dispositif de vaccination est mis en œuvre pour stopper leur progression. « Le principe est de créer un cordon sanitaire dans les départements les plus exposés », explique André Gauffier. Des millions de doses ont été commandées par l’État, pour un budget de 75 millions d’euros. Mais leur efficacité dépend du taux de couverture. « L’an dernier, la couverture vaccinale est restée insuffisante. Et cela a frappé tout le monde, même ceux qui avaient vacciné. Seule une couverture globale, à hauteur de 85 % minimum, peut casser la chaîne. » En effet, des rumeurs délétères autour du vaccin ont freiné son acceptation. « Il n’y a pas de preuve sérieuse de ces effets, le vaccin peut sauver des troupeaux. Notre message est clair : vaccinez, vaccinez, vaccinez. »
La stratégie vaccinale
Pour ce faire, l’État a mis en place une campagne vaccinale gratuite ciblant ovins et bovins contre la fièvre catarrhale ovine, sérotypes 8 et 1. « Pour la FCO-8, 7 millions de doses du vaccin Bluevac 8 sont livrées progressivement entre fin juin et septembre », précise André Gauffier. Il s’agit de deux injections de 2 ml, espacées de trois semaines. Chaque mois, 25 % du stock est distribué, sous forme de 15 % de flacons de 100 ml et 85 % de flacons de 252 ml, adaptés selon la taille des troupeaux. Les départements du Nord de la France, restés indemnes l’an passé, sont prioritaires. « Leur cheptel est naïf, donc plus vulnérable à la souche agressive FCO-8 », explique-t-il. Les zones touchées en 2024, comme Auvergne-Rhône-Alpes, seront approvisionnées en trois temps à partir de fin juillet, puis fin août et fin septembre. Pour le sérotype FCO-1, présent en Espagne, 300 000 doses équivalentes bovines (12 000 flacons de 100 ml et 8 700 flacons de 252 ml) arrivent mi-juillet, puis à nouveau mi-août. Le vaccin est réservé aux départements du Sud en bordure des Pyrénées, du premier et second rang, notamment aux Pyrénées-Atlantiques, à l’Ariège ou aux Pyrénées-Orientales, afin de constituer une barrière sanitaire face à la progression du virus depuis l’Espagne. La Draaf n’a cependant pas encore d’informations en ce qui concerne les vaccins contre la MHE.