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Chartreuse

« Vis ma vie de bûcheron en Chartreuse » : une nouvelle approche du tourisme

Cet été, le PNR de Chartreuse et les acteurs de la filière bois invitent le public à découvrir les métiers de la forêt à travers l'opération « Vis ma vie de bûcheron ». Pour Christiane Mollaret, présidente de Chartreuse Tourisme, cette approche novatrice du tourisme "intelligent" est vouée à se développer.
« Vis ma vie de bûcheron en Chartreuse » : une nouvelle approche du tourisme

Quel est l'objectif de « Vis ma vie de bûcheron en Chartreuse » ?

L'objectif est avant tout pédagogique. Il s'agit d'aider les touristes à mieux comprendre les métiers de la forêt et de la sylviculture. Il faut en effet que les gens qui fréquentent les espaces forestiers pour leurs loisirs prennent conscience que la forêt, il faut la partager et la travailler. Et que ce travail peut engendrer des désagréments qui, malheureusement, créent des conflits d'usage. Souvent, dans les offices de tourisme, nos hôtesses reçoivent des promeneurs qui se plaignent des ornières ou des branches au milieu des sentiers. L'opération « Vis ma vie de bûcheron en Chartreuse »  se propose d'expliquer les métiers de la forêt aux touristes qui, le temps de la visite, sont invités à se glisser, dans la peau d'un bûcheron de Chartreuse. L'idée, à terme, est que tous les usagers de la forêt cohabitent sereinement.

En quoi consiste la visite ?

Le programme a été élaboré en partenariat avec l'ONF, Coforet, Créabois Isère et l'Adefti (1). La visite commence par un portrait de la forêt, brossé par un agent de l'ONF. Puis un bûcheron explique comment il travaille et ce que l'on fait du bois : du bois de charpente, des cagettes, du bois de chauffe... Ces explications sont suivies d'une démonstration : les visiteurs voient le bûcheron abattre un arbre, l'ébrancher et le tirer à portée de camion. J'ai assisté au lancement de cette opération début juillet : je peux vous dire que c'est très impressionnant. J'ai notamment réalisé combien il est difficile avec ce métier, déjà pénible, de gagner son pain.

Ces rencontres, proposées tous les mercredis jusqu'au 15 août, sont un peu une nouvelle manière de partir à la découverte du territoire...

Oui, tout à fait. Je pense que les touristes vont apprécier cette initiative, car s'ils viennent en Chartreuse pour nos beaux paysages, ils aiment aussi comprendre la vie des habitants. Notre rôle, c'est de les conduire à s'intéresser au territoire au plus profond de ce qu'il est, à travers les activités, les savoir-faire et les métiers de ceux qui font vivre la Chartreuse tout au long de l'année. Les gens sont en vacances, mais beaucoup ne viennent plus seulement en « consommateurs » : ils veulent des vacances intelligentes.

Avez-vous d'autres offres du même type ?

Nous avons depuis longtemps une route des savoir-faire qui permet de découvrir les métiers qui contribuent à la renommée du massif. Les touristes peuvent aller de site en site, ils sont accueillis par des artisans et des producteurs qui leur font visiter leur atelier ou leur ferme. L'hiver, nous proposons aussi une découverte du métier de dameur. Ça a beaucoup de succès. Nous avons le pendant en été, grâce au berger de Chamechaude, qui a été formé pour rencontrer les randonneurs, leur expliquer son métier et les avertir de ce que l'on peut faire ou ne pas faire sur un alpage. Ailleurs, au col du Coq par exemple, des animateurs nature sont rémunérés par le Département pour faire comprendre aux promeneurs la nécessité de suivre les sentiers pour ne pas perturber la faune sauvage ni déranger les troupeaux. Mises bout à bout, toutes ces initiatives participent d'une meilleure compréhension mutuelle des usagers de la montagne et d'une acceptation des pratiques de chacun, ce qui permet de prévenir les conflits d'usage.

Propos recueillis par Marianne Boilève

 

(1) Association départementale des entrepreneurs de travaux forestiers de l'Isère.