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Viticulture

« Des produits de qualité faits par des vignerons »

Sébastien Bénard, vigneron à La Buisse a pris la présidence du Syndicat des vins de l’Isère, poursuivant le développement de cette jeune filière. Il donne rendez-vous lundi 20 janvier à Saint-Savin pour les Rencontres professionnelles et le 14e Concours des vins de l’Isère.


 

Par Isabelle Doucet
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Sébastien Bénard, vigneron à La Buisse, préside désormais le Syndicat des vins de l'Isère.

En début d’année, Wilfrid Debroize a cédé la place à Sébastien Bénard à la présidence du Syndicat des vins de l’Isère.

« Après 9 ans d’action pour le syndicat, d’engagement et d’efficacité, souligne le nouveau président. Wilfrid a pu mettre en place des actions importantes comme des partenariats avec la Chambre d’agriculture de l’Isère et le Département qui octroie des subventions à la plantation et pour l’achat de matériel. » Le viticulteur de La Buisse (Domaine les Alpins) a repris la présidence « à condition d’être bien secondé ».

Le bureau du syndicat compte donc sept administrateurs (1) dont deux vice-présidents : Stéphanie Loup (Domaine Loup des vignes à Saint-Savin et Laurent Fondimare (Domaine des Rutissons au Touvet et associé de Wilfrid Debroize).

« C’est une équipe motivée. Notre objectif est le partage des missions, de dynamiser la vie syndicale, mettre de l’humaine dans nos échanges et nos actions afin de ne pas se sentir seuls dans nos métiers », expliquait Sébastien Bénard au début de son mandat.

Des vins reconnus pour leur qualité

Pour le Syndicats de vins de l’Isère, les enjeux sont de plusieurs ordres : la promotion des vins de l’Isère au sein des vins des Alpes ; l’accroissement des parts de marché local ; le développement de l’axe tourisme et montagne ainsi que la présence en stations. Le président cite aussi le rôle des ambassadeurs des vins de l’Isère dans cette mise en avant des vins du terroir.

« Il faut que cela devienne une évidence que lorsqu’on est en Isère, on boit des vins de l’Isère reconnus pour leur qualité », soutient-il.

Sébastien Bénard défend l’image de marque des vins locaux : « des produits de qualité faits par des vignerons ». Il ajoute : « L’enjeu de la notoriété et de l’image passe par la communication. Or, pour faire connaître nos produits, il faut les rendre visibles. Et nos produits sur une table, c’est la meilleure des promotions. »

Conforter les pôles

Au-delà de la poursuite des actions phares que sont le concours des vins de l’Isère et les Rencontres professionnelles ainsi que le salon grand public, le syndicat souhaite inscrire sa présence dans les territoires et diversifier ses sources de financement. Cela afin de « continuer à soutenir ceux qui s’installent ».

L’objectif est notamment de « conforter les pôles là où il y a déjà des vignerons, dans une logique de proximité, de solidarité et d’entraide ».

Pour « s’ouvrir à d’autres territoires », le choix de s’installer pour la première fois à Saint-Savin, le temps du 14e concours des vins de l’Isère et des Rencontres professionnelles, le 20 octobre, permet aux vignerons « de toucher des professionnels du secteur lyonnais », ainsi que le souligne Sébastien Bénard.

« Ce sont des gens qui ne viendraient pas forcément dans le Grésivaudan ». Restaurateurs, cavistes, sommeliers, œnologues, commerciaux, étudiants sont invités à s’inscrire pour rencontrer au château de Demptézieu, de 10 h à 17 h, ceux qui font le vin en Isère.

Par ailleurs, ce même jour, 72 échantillons de 21 domaines, dont un nouveau, seront présentés en concours. Ces vins produits dans les Balmes dauphinoises, le Trièves, le Grésivaudan ou la vallée du Rhône seront évalués par un jury composé de 32 professionnels.

18 médailles en IGP seront attribuées, ainsi que des mentions spéciales pour les vins sans indication géographique.

Leur présence à deux dates et deux endroits différents, avec la tenue du salon grand public, les 15 et 16 novembre à Saint-Ismier, accroît la visibilité des producteurs.

Le 5e Salon Vins de l’Isère et d’ailleurs, offre en effet une nouvelle occasion de découvrir les vins de la région ainsi que ceux des vignobles invités d’autres régions alpines.

Isabelle Doucet

(1)Trésorier : Samuel Delus (Domaine de l’Obiou à Prébois) ; vice-trésorier : Axel Glaser (Domaine des Longs à Brié-et-Angonnes) ; secrétaire : Isabelle Ferron (Vignoble de la Garde au Fontanil-Cornillon) ; vice-secrétaire : Jean-François Métral (Cave Métral Fleurs de galet à Chanas).

Témoignage

Se prendre en main pour exister

Après neuf années passées à la présidence du Syndicat des vins de l’Isère, Wilfrid Debroize revient sur le chemin parcouru par une organisation qui a su relancer la filière viticole iséroise.

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Wilfrid Debroize, vigneron du Domaine des Rutissons au Touvet et ex président du Syndicat des vins de l'Isère.

« Nous sommes partis de loin. Nous étions les parents pauvres de l’agriculture en Isère, alors que les vignerons avaient été des « parents riches » à une certaine époque, lance Wilfrid Debroize au moment de se retourner sur ses neuf années de présidence du Syndicat des vins de l’Isère. En 2016, nous avons fait le constat qu’il fallait se prendre en main si on voulait espérer exister ». La tâche était ardue.

« Nous nous sommes fixé une ligne de conduite et avons pris des orientations pour améliorer la filière viticole en Isère », poursuit l’ex-président. Il rencontre en premier lieu Jean-Pierre Barbier, le président du département de l’Isère, attentif aux problématiques des viticulteurs isérois. Deux ans après, les aides à la plantation – dans le respect du cahier des charges de l’IGP blanc et rouge – et les aides à l’investissement sont mises en place.

Dans le même temps, les rencontres se multiplient et des partenariats se concrétisent : Chambre d’agriculture de l’Isère, Safer etc.

Une deuxième vague d’installation vient également, dans les années 2020, grossir la surface du vignoble isérois. « Entre 20 et 25 ha ont été replantés en 5 ans, ce n’est pas rien », déclare Wilfrid Debroize.

Des cépages patrimoniaux

Il rappelle les choix faits depuis le départ par le syndicat de privilégier les installations en agriculture biologique d’autant plus propices à relancer les cépages patrimoniaux.

C’est ainsi que les vignerons isérois ont fait du renouveau de la verdesse, le cépage identitaire de leur territoire. Il en va de même avec l’étraire de la Dhuy en rouge.

« Aujourd’hui, nous avons 13 ans de recul sur ces cépages, explique le vigneron du domaine des Rutissons en filant la métaphore : c’est comme aux échecs, lorsqu’on commence par un blanc, on a toujours un coup d’avance. »

Ce dont il est le plus fier est d’être parvenu à donner une identité à la viticulture iséroise « avec ceux qui ont été là, au conseil d’administration pendant neuf ans, parce que rien n’aurait été fait sans eux ».

Autre motif de satisfaction : un cahier des charges de l’IGP renforcé et complété par 14 nouveaux cépages, portant leur total à 34, et désormais trois unités géographiques : le Trièves venant compléter les Coteaux du Grésivaudan (avec l’ajout de Grenoble) et les Balmes dauphinoises.

« C’est une démarche importante de préservation des cépages patrimoniaux de les inscrire dans le cahier des charges », insiste-t-il. Cette identité alpine fait référence au casier viticole (1) de 1956 et a nécessité un large travail de recensement des terres viticoles et des cépages de la région.

Des démarches individuelles de qualité

Sa déception reste en revanche le manque de reconnaissance des vins de l’Isère en Isère. Il s’interroge : est-ce une méconnaissance due à l’image vieillotte des vins de soif jadis produits par les caves coopératives ?

« Nous sommes tous au niveau, nous nous formons, insiste-t-il. Ce sont des formations complexes en œnologie, en microbiologie. Tous les vignerons sont engagés dans des démarches individuelles de qualité. Le Syndicat des vins de l’Isère est porteur et permet à d’autres vignerons de s’inscrire dans cette dynamique. Nous travaillons aussi en proximité avec les vignerons savoyards dont le secteur est en plein renouveau et nous en bénéficions », plaide-t-il.


Isabelle Doucet

Le casier viticole ou CVI (pour informatisé) contient toutes les informations relatives aux entreprises vitivinicoles, aux parcelles plantées ou arrachées, les niveaux de production et de stock.

Le pari des vieux cépages

Alors que les vendanges se terminent tout juste dans le Trièves — le plus haut vignoble de France — la récolte, commencée fin août dans les Balmes dauphinoises, se révèle « très contrastée », selon le président du Syndicat des vins de l’Isère, Sébastien Bénard.

Cela tient à un territoire vaste et « des réalités différentes ». Il détaille : « La vigne a été marquée par une première canicule en juin et une deuxième au mois d’août. La première conséquence est une faible pression des maladies. En revanche nous avons eu des raisins secs, avec peu de jus et donc de faibles rendements. »

Verdesse c ID TD

Il décrit cependant de belles maturités en prend en exemple son exploitation, le domaine des Alpins à La Buisse. Le cépage emblématique de l’Isère, la verdesse, plantée sur un coteau ensoleillé, a été récoltée très tôt, début septembre, alors qu’il s’agit d’un cépage tardif. « Elle présente une belle acidité même si elle est chargée en sucre », explique le vigneron.

Autre cépage local qu’il a replanté : le servanin, dont la rusticité peut accentuer sa tendance à l’acidité, a bénéficié d’une année chaude, atténuant cette même acidité. « Le pari sur les vieux cépages semble remporté, s’enthousiasme Sébastien Bénard. Les millésimes à venir seront à l’image de ce qu’on a aujourd’hui : des vins plus alcooleux et moins acides. Les vieux cépages répondent à ces problématiques. Nous ne nous sommes pas trop trompés. »

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L’IGP Isère en chiffres :

Indication géographique depuis 2011

72 ha

30 domaines et 34 vignerons dont 50 % installés depuis moins de 10 ans

2 600 hl (58 % de blanc, 39 % de rouge, 3 % de rosé) 80 % en bio

Trois terroirs : Coteaux du Trièves ; Coteaux du Grésivaudan ; Balmes dauphinoises

34 cépages : 19 rouges et 15 blancs, dont les cépages phares : étraire de la Dhuy, verdesse, persan, servanin, jacquère, mondeuse

Les vins de l'Isère c ID TD