Double activité
A Montcarra, une jeune agricultrice, une jeune formatrice de MFR, qui en veut

Isabelle Brenguier
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Âgée seulement de 23 ans, Elisa Cochard a une vie professionnelle bien remplie. Installée en élevage laitier à Montcarra, elle est aussi formatrice à la MFR de Mozas. 

jeune agricultrice + vache
Agée de 23 ans, passionnée par les animaux, Elisa Cochard est éleveuse laitière et formatrice à la MFR de Mozas.

Son destin était tout tracé. Mais il lui a tout de même réservé quelques surprises.

Quand elle était bébé, Elisa Cochard passait son temps avec sa grand-mère, dans la poussette, au milieu des vaches. Elle a grandi au milieu de la ferme et sa passion pour les animaux n'a fait que croître au fil des années. Si elle a toujours su qu'elle voulait s'installer, c'est dès la troisième qu'elle a dû confirmer son projet auprès de son oncle, François Lyonne. Pour le mener à bien, elle a suivi un Bac pro CGEA (Conduite et gestion de l'entreprise agricole) à la MFR de Mozas, puis un BTS Acse (Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise) à celle de Saint-Laurent-de-Chamousset.

« J'aurais aimé m'installer dès la fin du Bac pro. Mais, à ce moment, ce n'était financièrement pas possible pour l'exploitation. J'ai donc suivi ce BTS, en poursuivant en MFR, car c'était un fonctionnement qui me convenait bien. Je trouvais que l'alternance était un système intéressant et enrichissant. J'ai également toujours apprécié le suivi privilégié dont on bénéficie en MFR, avec les formateurs et les moniteurs qui sont très présents auprès des élèves, qui leur dispensent les cours et qui les encadrent pendant les repas, les temps d'étude et les veillées ».

Comme son installation n'était pas encore possible après le BTS, la jeune femme a suivi une formation préparant au certificat d’aptitude aux fonctions de technicien d’insémination (Cafti) pour l’espèce bovine. Elle a ensuite enchaîné quelques missions avant de rencontrer l'ancienne directrice de la MFR de Mozas, qui après l'avoir écouté lui raconter son parcours, lui a proposé un poste de formatrice en zootechnie et gestion d'entreprise. Elle avait 19 ans.

En avril 2021, 50 hectares de surfaces se sont libérés. Ils lui ont permis de concrétiser son installation et de rejoindre son oncle au sein de l'EARL « La ferme du Buclay », à Montcarra, où ils élèvent 40 vaches laitières de races prim’holstein et red holstein et cultivent 115 hectares de prairies et de céréales.

Rythme très soutenu

Depuis, elle conjugue ces deux activités. Son emploi du temps lui laisse peu de répit, mais elle est épanouie. Elle assure la traite matin et soir et passe tous ses week-ends dans l'exploitation où elle gère principalement le poste santé et reproduction des animaux pendant que son oncle s'occupe des cultures, de l'alimentation et de l'administratif.

En parallèle, elle endosse son costume de formatrice à la MFR de Mozas, qu'elle considère comme l'école de la famille (son oncle y a étudié, sa grand-mère y a été administratrice), où elle transmet sa passion à ses élèves. « Quand j'étais petite, je disais toujours que je ne voudrais jamais être maîtresse. Et pourtant. Je n'aurai pas pu trouver mieux. J'adore parler de mon métier d'éleveuse aux jeunes, écouter les expériences qu'ils acquièrent quand ils sont en stage, leur donner mes trucs et astuces. C'est passionnant ! Et puis le fait d'aller à la MFR me permet de sortir de ma ferme. Cela ne me dérangerait pas d'y être tout le temps, mais ce travail me donne l'occasion de voir du monde... et de m’apprêter un peu, de ne pas être continuellement en combinaison et bottes ».

Pour l'instant, Elisa Cochard tient ce rythme très soutenu. Aujourd'hui à plein temps à la MFR, elle apprécierait cependant de réduire son temps de travail. Avant de s'en retirer complètement au profit de son exploitation. Dans quelques années...

Malgré son jeune âge, Elisa Cochard porte un regard éclairé sur l'agriculture, ses métiers et ses opportunités. « Les métiers de l'agriculture sont des métiers passions. L'installation est une possibilité mais ce n'est pas la seule. Si on émet des doutes quant aux contraintes, aux astreintes, je pense qu'il vaut mieux aller vers le salariat. Il y a une multitude de métiers qui sont très intéressants et qui peuvent convenir à des profils très différents. Je suis convaincue qu'on peut travailler en agriculture sans être installé, et être très heureux », affirme la jeune femme.

Isabelle Brenguier