Congrès FDSEA
Ils ont dit      

Isabelle Doucet
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Elus politiques et représentants du monde agricole ont pris la parole lors du congrès de la FDSEA qui s'est déroulé le 10 mars à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs. 

Ils ont dit      
Pascal Denolly (à g), président du Pôle agroalimentaire

Jérôme Crozat, président de la FDSEA de l’Isère
« Il faut être audible, car nos métiers évoluent.
L’inter-réseau doit être travaillé et nous sommes satisfaits de mieux travailler avec l’ensemble des OPA. Mais le travail d’explication doit être poursuivi, car il y a encore quelques jours, les boîtes aux lettres de la Maison des agriculteurs ont été taggées par un logo « Producteurs de mort », avec le symbole des médailles d’or du Salon international de l’agriculture. Nous avons aussi reçu un courrier de la part des « faucheurs volontaires ». »

Yannick Fialip, administrateur FNSEA en charge de l’économie
« Les agriculteurs doivent retrouver une liberté d’entreprendre ainsi que du respect. La société les attaque sur des choses qui ne sont pas réelles. Ils nourrissent la population, ils l’ont fait pendant le Covid et ils ont besoin de redonner du sens à leur métier. »

Yannick Neuder, député de l’Isère
« On ne peut plus imposer de contraintes environnementales aux agriculteurs car la traduction directe est la baisse des productions agricoles alors que nous avons besoin d’une souveraineté alimentaire. Les chiffres ne sont pas bons. Les importations n’ont jamais été aussi fortes. Le potentiel de production agricole diminue. Il faut protéger les agriculteurs ! » Il pointe la concurrence déloyale de pays comme l’Espagne sur les coûts de l’énergie et donc de l’irrigation. Et attend « une position claire du gouvernement quant à un dispositif efficace pour les irrigants ». Il ajoute : « la solution est à Bercy, plus qu’au ministère de l’Agriculture ».
Également conseiller régional, il met en valeur les 80 millions d’euros affectés par la Région à l’agriculture « directement investis dans l’outil productif », de même que « la DJA la plus importante de France » qui s’établit en moyenne à 44 000 euros.

Pascal Denolly, président du Pôle agro-alimentaire de l’Isère
« Il ne faut pas oublier que la loi Sempastous est là pour protéger le foncier agricole, comme l’a demandé la profession. Elle aura un effet limitant sur le cumul massif des sociétés. Il ne faut pas s’affoler du fait qu’une nouvelle loi vienne nous plomber, même si elle est complexe. Et en Isère, le principal sujet sera le rachat de parts par les ETA dans différentes sociétés. C’est un problème que nous connaissons bien dans le Grésivaudan et dans le Nord-Isère. »

Jean-Pierre Michallat, coprésident de la section des fermiers-métayers
« La défense du statut du fermage, c’est quand même la FDSEA ! » Également élu au conseil d’administration national, il espère la validation d’une prochaine loi sur l’accord bailleur-repreneur « avec deux préalables : le statut d’agriculteur professionnel et le renforcement du contrôle des structures ». Il rappelle que « 70 % des terres en France sont en fermage ». Donc l’essentiel de la production agricole nécessite au préalable un accord entre deux personnes.

Jordan Desimone, coprésident de Jeunes agriculteurs Isère
« Nous n’avons pas beaucoup de visibilité, mais les jeunes ont espoir et confiance en l’agriculture. » Jordan Desimone fait valoir « un terrain plutôt favorable à l’installation en Isère, autour d’un large panel de productions et un système de distribution selon ce que l’on veut ». Il explique également que « c’est une force que le Département et la Région soient favorables et aident à l’installation ».

Gilles Charbonnel, responsable commission noix à la FDSEA
« Mangez des noix ». La filière est la proie d’une conjoncture défavorable entre une récolte 2022 exceptionnelle (17 000 tonnes, soit 3 000 tonnes de plus que la dernière année record) et un marché atone. Les noix américaines de la précédente récolte, qui avaient été retenues dans les conteneurs suite à la crise Covid, ont inondé le marché européen. À cela s’ajoute une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs. « Le gros problème est que le prix de la noix reste inconnu », explique le responsable. Les apporteurs en coopérative ou en Sica ont déjà perçu entre 85 cts et un euro du kilo. Nul ne sait à combien s’élèveront les prochains versements. Le kilo de noix a été payé entre 1,50 et 1,70 euro aux producteurs en 2020 et 2,50 euros en 2021. Le prix de revient s’établit entre 2,20 euros et 2,60 euros. La Chambre d’agriculture a lancé une enquête pour recenser les stocks restants chez les négociants et les metteurs en marché.

Aurélien Clavel, commission agriculture biologique FDSEA



« La FDSEA est le syndicat qui compte le plus grand nombre d’exploitants en agriculture biologique », insiste l’administrateur. Il décrit un contexte difficile pour la bio, mais souligne « la victoire syndicale », qui dans le cadre de la loi Egalim, a permis « de renégocier à la hausse les productions laitières ».

Jérôme Jury, commission fruit FDSEA
« L’assurance récolte va dans le bon sens, déclare le responsable, mais il y a des imperfections dans la méthode de calcul du capital assuré qui est basée sur la performance économique des exploitations. » Or, en Isère, les moyennes olympiques portent sur des années où la production n’a connu que des aléas.
Il alerte aussi sur le projet de décret concernant la maladie des 1 000 chancres qui menace les nuciculteurs et incite « à faire une lutte rigoureuse face au nouveau ravageur ». À condition que les molécules existantes ne soient pas retirées « en laissant les producteurs sans solution ». Enfin, il espère « que le TODE (1) sera reconduit chaque année ».

(1) TODE : travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi agricole

Propos recueillis par Isabelle Doucet et Morgane Poulet

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