Déserts vétérinaires
Isère Véto contre la raréfaction des vétérinaires ruraux

Morgane Poulet
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Isère Véto contre la raréfaction des vétérinaires ruraux
Jean Papadopulo, vice-président délégué au laboratoire départemental et à la santé en Isère, et Benjamin Dubail, président de l'association Véto 38.

Le nombre de vétérinaires travaillant aux côtés des éleveurs isérois a considérablement chuté ces dernières années. Pour pallier ce problème, le Département proposera un nouveau dispositif à l’Assemblée départementale le 24 juin prochain, Isère Véto.

Un cercle vicieux

« Entre 2017 et 2020, le département isérois a perdu 30% de ses vétérinaires ruraux », explique Jean-Pierre Barbier, président du Département. « Et aujourd’hui, sur 300 vétérinaires installés, seulement cinquante exercent une activité rurale. »
La diminution des élevages, particulièrement des laitiers, n’incite pas les vétérinaires à s’installer en milieu rural. Or, étant donné qu’il y a de moins en moins de vétérinaires, certains éleveurs renoncent à s’installer, faute de pouvoir faire soigner leurs bêtes.
« La situation est très critique à Vif et à Mens », explique Benjamin Dubail, président de Véto 38, association qui a accompagné la création du dispositif. « Les vétérinaires en charge des secteurs partiront respectivement en juillet et en novembre, ce qui posera problème dans un rayon de près de 40km, d’autant plus qu’il est très difficile de remettre un cabinet en route avec un seul nouvel arrivant. » Vif devrait néanmoins rester en activité grâce à l’installation d’un vétérinaire et la solution trouvée pour Mens serait de relier ce cabinet à celui de Vif.

Protéger la ruralité

Selon une étude sur « le maillage vétérinaire en Isère réalisée par l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon », explique Jean Papadopulo, vice-président délégué au laboratoire départemental et à la santé en Isère, la situation est difficile dans tout le département. Mais elle l’est surtout dans le sud-Isère et dans les massifs montagneux, où le relief « entraîne des temps de trajet importants ».
Pour résoudre ce nombre décroissant de vétérinaires ruraux, le Département a élaboré un dispositif d’aide. Avec un budget de 80 000€ pour 2022, puis d’environ 100 000€ chaque année, le dispositif Isère Véto est constitué de trois piliers.
Une indemnité de logement de 300€/mois sera versée aux étudiants vétérinaires réalisant un stage d’un à six mois dans un cabinet isérois ayant une activité rurale totale ou presque.
Une aide forfaitaire de 15 000€ sera également fournie lors de l’installation avec pour contrepartie de s’engager à exercer son activité pendant trois ans au minimum. Il faudra également assurer la continuité et la permanence des soins des animaux d’élevage.
Une indemnité kilométrique forfaitaire de 0,20€/km sera versée sur déclaration annuelle des kilomètres effectués pour suivre des élevages situés dans des territoires d’accès difficile.
Qui plus est, le GDS de l’Isère, qui a participé à l'élaboration du dispositif, « s’engage à créer du travail pour les vétérinaires, en lien avec la besnoitiose, afin de garantir la bonne santé des cheptels », précise Sébastien Simian, président de la structure.
« Ce système permettra aux vétérinaires de se connaître à l’échelle de l’Isère et ainsi de s’organiser en un système plus vivable pour eux, sachant que d’autres cliniques pourront leur venir en aide », ajoute Jean Papadopulo.
« On ne peut que se réjouir de cette action », ajoute David Rivière, secrétaire adjoint à la Chambre d’agriculture de l’Isère, qui, elle aussi, a participé à la création d'Isère Véto. « Si l’Isère souhaite que son tourisme vive, il faut que son agriculture vive. »

Morgane Poulet

Pour approfondir le sujet

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* Sur l'adaptation des écoles au manque de vétérinaires :
https://www.terredauphinoise.fr/articles/12/12/2020/Les-ecoles-nationales-veterinaires-desormais-accessibles-en-post-bac-49946/

* Sur la baisse du nombre de vétérinaires en Isère :
https://www.terredauphinoise.fr/articles/23/04/2021/L-Isere-rurale-perd-ses-veterinaires-55658/