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INTERBEV

Cap sur la recapitalisation du cheptel bovin

L'assemblée générale d'Interbev Auvergne-Rhône-Alpes s'est tenue le jeudi 25 avril à Aubière, dans le Puy-de-Dôme. Décapitalisation du cheptel et décarbonation du secteur bovin étaient au menu.

Cap sur la recapitalisation du cheptel bovin
Romain Kjan et Lionel Rittaud, respectivement directeur et président d'Interbev Auvergne-Rhône-Alpes.

« La décapitalisation du cheptel fragilise notre souveraineté alimentaire. Quels en sont les impacts dans le secteur bovin ? » Tel était le thème de l'assemblée générale d'Interbev Auvergne-Rhône-Alpes. La baisse du nombre de vaches dans les cheptels bovins est une réalité qui s'est accélérée durant la dernière décennie. Ainsi, la France a perdu, depuis 2016, un million de vaches (602 000 vaches allaitantes et 429 000 vaches laitières), soit 16 % de son cheptel. Si la région Auvergne-Rhône-Alpes n'échappe pas à ce phénomène, Romain Kjan, directeur d'Interbev Aura, a tempéré l'analyse : « Nous avons perdu 9 % des vaches en neuf ans, soit 8,4 % de vaches laitières et 8,7 % de vaches allaitantes. Pour finir, cela représente une perte de 133 300 vaches en presque une décennie. La démographie des éleveurs plus jeunes en région qu'au niveau national peut expliquer cet écart. »

Des raisons sanitaires

La première cause de la décapitalisation du cheptel est l'âge avancé des éleveurs qui, à l'heure de la retraite, ne trouvent pas forcément de successeurs dans un contexte où l'équilibre économique de l’élevage de bovins allaitants a longtemps été précaire. Alors que les courbes n'en finissent pas de chuter dangereusement, qu'en est-il aujourd'hui ? « Depuis 2024, nous observons une stabilisation du cheptel régional », a indiqué Romain Kjan. La hausse des cours générée par la contractualisation et la raréfaction de l'offre face à une demande toujours soutenue ont sans conteste entraîné un regain d'intérêt pour l'élevage. Mais depuis plusieurs mois, cet élan se heurte à une conjonction de problématiques sanitaires (FCO, MHE...), dont on mesure tout juste les effets délétères. En France, ces maladies ont engendré une surmortalité estimée à plus de 11 800 têtes, sur un total de 97 400 vaches mortes entre octobre 2023 et septembre 2024 soit + 14 %. À l'échelle régionale, la surmortalité est estimée à + 3 500 têtes, sur un total de 16 900 vaches mortes entre octobre 2023 et septembre 2024 soit + 27 %. La fertilité est également mise à mal avec un recul de 200 000 naissances en 2024, dont environ 150 000 imputables à la crise sanitaire. En région, la baisse de 32 000 naissances en 2024 est totalement imputable à la crise sanitaire.

À l'horizon 2030, quelles perspectives ?

Selon une étude du Ceresco, entreprise de conseil des filières agricoles, la situation pourrait bien s'envenimer d'ici 2030. Ainsi, si les tendances observées entre 2020 et 2022 se prolongent à horizon 2030, le cheptel de vaches mères pourrait baisser de 19 %. Dans ce cadre, 37 000 emplois directs et indirects pourraient être menacés (ETP), tandis qu'1,4 Mha de prairies permanentes seraient menacées, soit l’équivalent du département des Yvelines chaque année, pendant 8 ans. Enfin, la balance commerciale de la filière viande bovine serait dans le rouge à moins 330 millions d’euros (M€) contre plus 740 M€ aujourd’hui. Il y a donc urgence selon les professionnels : « L’accompagnement de l'élevage à ce moment de bascule est crucial pour éviter un délitement non contrôlé du secteur, alors que celui-ci présente tant d’externalités positives. Les consommateurs français continueront à manger de la viande bovine dans quinze ans, autant qu’elle soit la plus vertueuse possible sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques », a indiqué le président de l'interprofession régionale, Lionel Rittaud.

Anna Beck