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INTERPROFESSION

Crise au Criel : les producteurs veulent se faire entendre

Après la démission du président du Cniel, et alors que les producteurs de lait de la zone Alpes-Massif central alertaient depuis plusieurs mois sur des dysfonctionnements, Éric Richard, président du collège régional des producteurs de lait, fait le point sur la situation. 

Crise au Criel : les producteurs veulent se faire entendre
Pour les producteurs de lait, l'interprofession doit être une instance de dialogue sur tous les sujets.

Il y a quelques semaines, le collège des producteurs du Criel Alpes-Massif central (AMC) invitait les éleveurs à transférer leur cotisation Criel sur la ligne « cotisation Criel Promotion ». « L’objectif était de reprendre la main sur l'interprofession laitière et faire pression sur les industriels pour qu'enfin tous les sujets soient traités au sein du Criel, y compris ceux qui relèvent de l'économie », rappelle Éric Richard, président du collège des producteurs du Criel AMC. Force est de constater que l'interprofession régionale avait vu juste puisque quelques semaines plus tard, « la démission du président du Cniel, Pascal Le Brun, et les récentes déclarations du PDG de la Fnil (industriels), François-Xavier Huard, confirment ce sur quoi les producteurs alertent depuis des mois : l’interprofession laitière traverse une crise profonde où la voix des éleveurs est systématiquement étouffée », estime Éric Richard. 

Dans Criel, il y a le « É » d'économie 

Les producteurs reprochent à la Fnil de systématiquement botter en touche dès lors qu'un sujet clivant apparaît. « On veut que tous les sujets soient abordés en interprofession, y compris celui de la valorisation. Certes, nous n'avons pas le droit de discuter de prix au sein de l'interprofession, mais on peut discuter de l'indicateur de valeur et de l'origine France », insiste Éric Richard. Dans une interview publiée le 17 octobre 2025, par nos confrères de La Revue de l’Industrie Agroalimentaire (RIA), François-Xavier Huard a détaillé les priorités de la Fnil : "sécurité sanitaire, qualité, promotion, information des acteurs économiques”« Ce qui nous gênec'est qu'à aucun moment, il n’évoque l’économie du lait, ni le maintien de la production dans les territoires. Nous avons l'impression que les industries laitières se moquent des producteurs, qu'ils veulent faire du business, pas forcément avec du lait français », déplore l'éleveur altiligérien. Au-delà de la sémantique et des déclarations, les producteurs militent pour une revalorisation de la matière grasse dans un contexte de déficit structurel. « Les entreprises en ont besoin, or cette matière grasse nous est payée aujourd'hui 2,8 centimes d'euro quand elle devrait être aux environs à 6 centimes », détaille Éric Richard. Plus globalement, alors que la demande laitière est dynamique, rien ne justifie selon lui des baisses de prix. « Les indicateurs de coût de production ont augmenté de 5 %. Dans ce contexte, toute baisse de prix serait un très mauvais signal envoyé aux producteurs à la veille de l'ouverture des négociations commerciales avec la grande distribution. » 

Sophie Chatenet