Forêt française : la mortalité menace son rôle de puits de carbone
La mortalité des arbres en France connaît une hausse marquée, selon les données publiées le 14 octobre par l’IGN (information forestière) dans le cadre de son inventaire forestier national (IFN).
Cette évolution résulte d’une multiplication des crises sanitaires et climatiques, qui altèrent l’état des peuplements et réduisent la capacité des forêts à jouer leur rôle de puits de carbone. Et ce, malgré le reboisement continu du pays, avec une progression de la forêt à un rythme moyen de 90 000 hectares par an. La surface forestière française atteint désormais 17,6 millions d’hectares (Mha), soit 32 % du territoire national, contre 16,2 Mha en 2010. « Cet accroissement tient compte des boisements spontanés, majoritaires, ainsi que des reboisements des terres agricoles, plus rares, mais aussi des défrichements », précise Antoine Colin, coordinateur de l’Observatoire des forêts à l’IGN. Il masque toutefois une fragilisation préoccupante. Sécheresses répétées, canicules, attaques de bioagresseurs (champignons, insectes) et incendies pèsent lourdement sur la vitalité des peuplements. Entre 2015 et 2023, la mortalité annuelle a atteint en moyenne 16,7 millions de mètres cubes, soit 2,3 fois plus qu’entre 2005 et 2013. Elle a augmenté de 125 % en dix ans, les arbres morts représentant désormais environ 5 % du volume de bois sur pied. Les essences les plus affectées sont l’épicéa commun victime d’une épidémie de scolytes, le frêne sous l’effet de la chalarose, et le châtaignier (chancre, maladie de l’encre). Selon l’IGN, l’optimisation du rôle de puits de carbone des forêts françaises passe désormais par un renouvellement des peuplements plus résilients et une meilleure protection contre les aléas. J.J