Gouvernement Lecornu 2 : Annie Genevard reconduite
Reconduite au ministère de l’Agriculture, Annie Genevard incarne la continuité d’un gouvernement fragilisé. Tandis que Sébastien Lecornu s’efforce de consolider une majorité introuvable, la réforme des retraites ravive la menace d’une censure dès cette semaine à l’Assemblée nationale.
Annie Genevard conserve son rôle de ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire : une reconduction saluée par le monde agricole mais lourdement sanctionnée par Les Républicains, qui l’ont exclue pour avoir participé à un gouvernement que le parti avait décidé de soutenir sans y siéger, tout comme Rachida Dati et Vincent Jeanbrun notamment. Le nouveau gouvernement, annoncé par l’Élysée le dimanche 12 octobre au soir, mêle ainsi visages connus et nouveaux venus. Monique Barbut, ancienne présidente de WWF France, prend la tête du ministère de la Transition écologique à la suite d’Agnès Pannier-Runacher, tandis que Françoise Gatel devient ministre de plein exercice à l’Aménagement du territoire et à la Décentralisation. Elle cède le titre de ministre de la Ruralité à Michel Fournier, fils d’agriculteurs et président de l’Association des maires ruraux de France, une personnalité fortement engagée pour les communes rurales et leurs habitants. Serge Papin, ex-patron de Système U, hérite du portefeuille des PME et du Commerce. Derrière ces changements règne une grande instabilité politique : le gouvernement Lecornu, sans majorité absolue, fait face à deux motions de censure déposées par La France insoumise et le Rassemblement national. Le Parti socialiste a prévenu qu’il votera la censure si la réforme des retraites n’est pas suspendue.
Un gouvernement sur le fil du rasoir
Face aux incertitudes, le monde agricole appelle à la stabilité. Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a salué la reconduction d’Annie Genevard, tout en exhortant la ministre à « poursuivre sans délai le travail engagé » et à « apporter des réponses concrètes aux attentes des agriculteurs ». Il a toutefois alerté sur le risque d’une « instabilité politique qui fragilise l’action publique », alors que les défis s’accumulent : réforme de la Pac, négociations commerciales internationales, adaptation au changement climatique. Dans un communiqué du 13 octobre, Chambres d’agriculture France (CdAF) a tenu, elle aussi, à « saluer la reconduction d’Annie Genevard comme ministre de l’agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire ». L’établissement public estime qu’une continuité est « nécessaire dans une période où les agriculteurs ont plus que jamais besoin de perspectives et de confiance pour affronter des défis majeurs : crise climatique, déficit commercial agricole inédit depuis 1978, renouvellement des générations, renforcement des moyens de production, simplification administrative, réforme de la Pac, etc. » Chambres d’agriculture France demande la mise en place rapide et concrète d’un plan d’actions pour répondre aux attentes des agriculteurs français. Dans les rangs du gouvernement comme dans les couloirs de l’Assemblée, la question qui domine est celle de la durée de tenue de ce nouveau gouvernement : le discours de Sébastien Lecornu est donc attendu mardi 14 octobre à 15h. Ce dernier a d’ailleurs présenté le mardi 14 octobre son projet de budget pour l’année 2026, d’un montant de 30 milliards d’euros. Un effort jugé difficile à atteindre par la Haut conseil des finances publiques.
Charlotte Bayon
