Le président du Cniel démissionne sur fond de tensions
La démission de Pascal Le Brun, président de l’interprofession laitière (Cniel), illustre l’absence d’accord entre les différents collèges, essentiellement les producteurs et les industriels. Le financement du plan triennal est le principal point de blocage.
Le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel) vient de vivre, le 15 octobre, un nouvel épisode dans la crise qu’il vit depuis plusieurs mois. Le président Pascal Le Brun, à ce poste depuis 18 mois, a présenté sa démission à l’occasion d’un conseil d’administration extraordinaire. Sa décision découle de « la difficulté de trouver un consensus politique au sein des différents collèges composant l’interprofession », indique-t-il dans un communiqué. La Confédération paysanne confirme « un climat tendu et délétère au sein du Cniel ». En effet, les discussions sur le renouvellement du plan triennal du Cniel 2026-2028 achoppent sur deux visions opposées entre les deux principaux collèges : les producteurs et les industriels. La FNPL demande un maintien du budget du Cniel et une participation accrue des industriels qui refusent cette solution, préférant une baisse du budget. Autre point de blocage au sein du Cniel depuis plusieurs mois : la mise au point d’un indicateur beurre poudre, qui n’est toujours pas publié à cause de divergences de vues entre producteurs et industriels.
FNPL et JA pointent la Fnil
Par la voie d’un communiqué de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) et de Jeunes agriculteurs (JA), le collège des producteurs de l’interprofession a réagi à la démission, « s’offusquant des positions tenues et des remises en cause des écrits par la Fnil (industriels) dans toutes les discussions interprofessionnelles (gouvernance, montants de la CVO, indicateurs économiques…) ». Et de s’interroger : « Les producteurs veulent un projet stratégique ambitieux pour accompagner tous les territoires : comment accepteraient-ils un accord et payeraient 75 % de la cotisation sans que leurs voix soient entendues, sans avancées favorables ? ». Contactée, la Fnil indique qu’elle ne souhaite pas prendre la parole. Quid de la suite ? Les voix s’élèvent pour une reprise des travaux du Cniel. De fait, la présidence n’est pas vacante puisque Marc Delage, président du collège du commerce et de la restauration et vice-président du Cniel remplace le président démissionnaire. La Confédération paysanne « regrette sincèrement la démission de Pascal Lebrun », et appelle « tous les acteurs de l’interprofession laitière à se remettre autour de la table et à trouver rapidement un consensus ». Souhait également exprimé par le démissionnaire afin que « les intérêts collectifs puissent primer sur les divergences apparues ». Pour la FNPL et JA, la présidence du Cniel par Pascal Le Brun doit « reprendre vite, mais à la seule condition que toutes les familles soient alignées sur une intention partagée, qui permette une lisibilité pour les producteurs et qui leur garantisse une juste rémunération ».