Accès au contenu
CHASSE

Une marque-label pour relancer la venaison en France

La Fédération nationale de la chasse, à l’origine de la marque-label « Gibier de France », entend accompagner la structuration d’une filière nationale de commercialisation. Un enjeu économique mais aussi d’image pour les chasseurs. 

Une marque-label pour relancer la venaison en France
Environ 55 % de la viande issue de la chasse est vendue ou cédée dans des circuits non officiels ou sous le manteau, 30 % au travers de l’autoconsommation des chasseurs et seulement 15 % dans de véritables circuits de commercialisation.

« C’est une étape majeure dans la relance d’une filière française de venaison », s’est félicité Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), début octobre à Paris à l’occasion du lancement officiel de « Gibier de France ». La présentation, en grande pompe, de cette « marque-label » visant à identifier et à garantir l’origine et la traçabilité des viandes de gibier chassées en France constitue, en effet, l’aboutissement d’un travail de longue haleine mené par la Fédération pour favoriser la commercialisation de populations de grand gibier de plus en plus abondantes. « En cinquante ans, les prélèvements cumulés de sangliers, chevreuils et cervidés ont été multipliés par seize et ceux de sangliers à eux-seuls par vingt-deux », a rappelé Olivier Touchard, le responsable « venaison » de la FNC et cheville ouvrière de la création de la marque-label. Pour la seule année 2024, 863 000 sangliers ont été tirés, bien au-delà des besoins alimentaires des chasseurs, dont le nombre, parallèlement, décline. « Nous en sommes arrivés au point que la première question que l’on se pose avant de chasser est de savoir qui voudra repartir avec des pièces de venaison, reconnaît Willy Schraen. C’est en fonction de la réponse apportée que l’on va établir le nombre d’animaux qui sera chassé, de manière à ne rien gâcher », déplore le président des chasseurs. 

Grands tableaux, petit rayon  

Malgré l’abondance des tableaux, les Français consomment cependant, majoritairement, du gibier d’importation, du fait de l’inorganisation de la filière et d’une réglementation particulièrement tatillonne. « Environ 55 % de la viande issue de la chasse est vendue ou cédée dans des circuits non officiels ou sous le manteau, 30 % au travers de l’autoconsommation des chasseurs et seulement 15 % dans de véritables circuits de commercialisation, soit courts (9 %), soit longs (6 %) », résume Olivier Touchard de la FNC. « L’objectif, avec la création de cette marque, est la structuration de la filière, et de faire revenir beaucoup plus de volumes de gibier de chasse vers les circuits de la boucherie traditionnelle, des grandes surfaces ou de la restauration. » 

Pour valoriser le « Gibier de France », tant auprès des vingt-six ateliers de traitement agréés qu’auprès des distributeurs et des consommateurs, la Fédération des chasseurs a opté pour un « label privé » plutôt qu’un signe officiel de qualité ou d’origine, « la production n’étant pas uniforme », argumente Olivier Touchard. La marque-label « Gibiers de France » garantit « une viande d’origine 100 % française, issue exclusivement de gibier sauvage, prélevé en France, dans le respect des plans de chasse et des règles sanitaires en vigueur ». La démarche est garantie par Certipaq, un organisme certificateur spécialisé dans l’évaluation de la conformité des produits agricoles et alimentaires. Des contrôles seront effectués à chaque étape de la filière, depuis les prélèvements jusqu’au point de vente final. 

Un levier d’image  

Pour la Fédération nationale de la chasse, la réussite du projet constitue un levier important pour améliorer l’image de la chasse en France, régulièrement décriée. « En établissant un lien entre la chasse durable telle que nous la pratiquons en France et les produits de qualité proposés dans les assiettes des Français, nous pensons que nous pouvons gagner en acceptabilité. Car manger du gibier, c’est déjà faire un pas vers la chasse et les chasseurs », assure Willy Schraen. Si la marque sera lancée dès les prochains jours et sera appuyée par un site Internet, une présence aux Salons des maires de France et de l’Agriculture et, bientôt, une campagne de communication, le chemin risque d’être encore long pour lever les réticences des opérateurs économiques et des consommateurs, tant la filière est loin d’être aussi organisée qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne. Mais les choses semblent décidées à bouger. En octobre 2024, Nemrod, jeune marque spécialisée dans la commercialisation du gibier sauvage français, a ouvert un deuxième atelier - après l’Alsace -, à la Ferté Saint-Aubin (Loiret), en pleine Sologne. Au même moment, une autre usine spécialisée dans la découpe et la transformation de gibier (mais aussi de viandes de boucherie), l’Atelier du Loup, a vu le jour à 40 km de là, au sud, à Salbris (Loir-et-Cher). Autant de signes encourageants pour la constitution d’une filière française de venaison.  

Actuagri 

chasse