Forêt
Une nouvelle route forestière dans le Trièves

Une route forestière de plus de sept kilomètres va être tracée dans le Trièves pour exploiter les bois de Clelles et du Percy.
Une nouvelle route forestière dans le Trièves

« Le projet dormait dans les cartons depuis 30 ans, mais personne ne s'était penché dessus pour créer cette route forestière », rappelle Alain Roche, conseiller municipal à Clelles, délégué à la forêt et aux chemins.

C'est donc une petite prouesse, à la fois humaine et technique. D'ici 2018, une route forestière de plus de sept kilomètres desservira la forêt de Clelles et les bois pourront être mobilisés à partir de 2019.

C'est à ce jour le plus gros chantier de route forestière du Trièves.
Au CRPF*, on croit fort à la réussite des initiatives mixtes associant les collectivités et les propriétaires privés.

Porté par la collectivité avec l'appui de l'ONF, le projet répond aux objectifs prioritaires de la Charte forestière de territoire. Le CRPF a la responsabilité d'animer cette politique de dessertes forestières.
A l'ouest de la commune de Clelles, le massif se déploie sur les contreforts du Platary. Il est isolé dans sa partie ouest par une barre rocheuse et enclavé dans sa partie basse par la voie de chemin de fer et la route départementale.

La mobilisation du bois y est complexe, voire impossible.
Pour créer la future route forestière de 7 350 mètres de long, le CRPF a donc commencé par démarcher les 33 propriétaires des 30 parcelles concernées situées dans les communes de Clelles et du Percy.

« Cela s'est mal passé avec deux propriétaires, ce qui nous a posé des difficultés pour éviter leurs parcelles », regrette Mathieu Rivero, le technicien CRPF. Une procédure administrative de déclaration d'intérêt général a été engagée (DIG), mais une solution d'évitement a pu être trouvée, ajoutant cependant des difficultés techniques.

Le profil de la route présentera finalement quatre tronçons d'une pente de 14%, alors que la pente communément admise ne dépasse pas les 12%.

La municipalité précise qu'un règlement de service désignera comme utilisateurs les propriétaires qui ont participé à la création de la route. Ceux qui s'y sont opposé paieront une taxe au m3 s'ils désirent sortir des bois par la route.

« Certains propriétaires avaient peur que cela ne leur enlève du terrain, d'autres se demandaient s'ils seraient dédommagés », rapporte Mathieu Rivero. « Sans route, la forêt ne vaut rien, précise René Sabatier ingénieur forestier. Un expert forestier est intervenu sur une parcelle de 13 hectares et a estimé la plus value de la parcelle après la création de la route à +35%. »

Economie du territoire

Aucune parcelle n'a été rayée de la carte et les techniciens du CRPF, en accord avec l'ONF, ont tracé la route en limite des terrains.

Les virages et dépôts ont été créés dans la forêt domaniale ou dans les grosses parcelles.
Aucune coupe n'avait pu avoir lieu depuis 1999 dans cette futaie mixte composée de sapins, d'épicéas et de hêtres.

Les premières interventions permettront d'améliorer les peuplements de la forêt privée. Le bois énergie sera d'abord extrait avant de pouvoir sortir du bois d'œuvre.

L'ONF a lui aussi besoin de faire de la place à ses sapins.

« De l'argent pour la commune, du bois pour la filière, de l'emploi » : Alain Roche mesure les conséquences positives d'une telle initiative.

C'est toute l'économie du territoire qui pourra en tirer profit, depuis les entreprises locales de travaux forestiers jusqu'aux scieries qui recherchent des bois locaux, en passant par la plateforme bois énergie de Saint-Michel-les-Portes dont 100% des plaquettes produites proviennent des forêts privées du Trièves.

Des forêts entretenues, reboisées gagneront en valeur.

« C'est un outil de gestion », insiste Alain Roche, convaincu que chacun y trouvera son compte, les professionnels de la filière bois, mais aussi les randonneurs, les chasseurs et la sécurité incendie.
René Sabatier souligne « la convergence de bonnes volontés ».

Dans ce dossier, la communauté de communes du Trièves, qui porte la Charte forestière de territoire, a eu un rôle moteur, relayé par la volonté politique de Clelles.

Quant aux propriétaires privés, ils font la preuve de l'intérêt de se regrouper pour agir.

Isabelle Doucet

*CRPF : Centre régional de la propriété forestière

 

La route en chiffres

Le projet comprend la création d'une route forestière sur 3,510 km, la création d'une piste sur 600 m et la mise au gabarit d'une piste déjà existante sur 3,240 km.
D'une largeur de 4 m, cette route recouverte de 30 cm d'enrobé sera carrossable pour les camions.
Ce linéaire de 7,350 km permettra de desservir directement 186 ha, soit 4 530 m3.
Le potentiel total (pistes secondaires, débardage par câble) est de 300 ha.
Le coût du projet s'élève à 280 000 euros. Il est subventionné à hauteur de 80% (Europe, Etat, département).
L'autofinancement pris en charge par la commune de Clelles est de 58 000 euros amortissables sur 4,5 ans.

 

 

Le calendrier

Le dossier de demande de subventions a été déposé auprès de la DDT au mois d'août 2016.
L'administration rendra son avis avant la fin de l'année.
La consultation pour le recrutement d'un maître d'ouvrage sera lancée en janvier 2017 et celle pour le recrutement de l'entreprise de génie civil en mars 2017.
Les travaux débuteront dans le courant de l'année 2017 pour laisser la terre se tasser durant l'hiver et achever les travaux en 2018.