Grandes cultures
Un observatoire du soja

Morgane Poulet
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Pour obtenir les meilleurs niveaux de protéines possibles dans les cultures, Terres Inovia a piloté Cap Protéines, qui s’est intéressé au soja en Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet a été présenté le 9 février à La Côte-Saint-André.

Un observatoire du soja
Une trentaine de participants s'est rendue à la matinée technique sur les cultures de soja organisée par la Chambre d'agriculture de l'Isère.

Dans le cadre du Plan France Relance, Terres Inovia a piloté Cap Protéines, un programme de recherche et développement dont l’objectif est d’accroître la production nationale de protéines. La culture du soja a été étudiée et les résultats ont été présentés au lycée agricole de La Côte-Saint-André le 9 février, à l’occasion d’une matinée technique organisée par la Chambre d’agriculture de l’Isère.
En ce qui concerne le soja, des études ont été menées de 2021 à 2022 sur 30 parcelles en Auvergne-Rhône-Alpes. La Chambre d’agriculture de l’Isère s’est quant à elle chargée de 9 parcelles en conventionnel et de 2 en agriculture biologique dans le département. « Une visite de site a été réalisée lors de la plantation, puis une autre à la  floraison et une dernière en fin de cycle », précise Laura Cipolla, référente soja et légumineuses à Terres Inovia.
Ces recherches permettent à Terres Inovia de déterminer les meilleures conditions pour cultiver son soja, en bio comme en conventionnel.

Des critères de sélection

Afin de choisir la variété de soja la plus adaptée à son terrain, Terres Inovia rappelle que cinq critères sont à respecter.
Le premier est la précocité. Il faut s’adapter à la région et à la date de semis tout en gardant à l’esprit le fait qu’un groupe trop tardif peut entraîner des difficultés de récolte ainsi qu’une altération de la qualité des graines. En Auvergne-Rhône-Alpes, Cap Protéines a planté des semis précoces avant le 5 mai pour un rendement moyen à 34,8 quintaux par hectare. « Nous avons constaté qu’il y avait 3,4 quintaux par hectare supplémentaires par rapport à un semis tardif », précise Laura Cipolla. En Isère, une parcelle a été semée avant le 5 mai et a permis un rendement de 44 quintaux par hectare.
Vient ensuite la teneur en protéines. Pour l’alimentation humaine, elle doit généralement être supérieure à 40% sur matière sèche.
La productivité doit également être prise en compte. La hauteur de la première gousse doit être haute ou moyenne plutôt pour les sols rocheux.
La sensibilité au sclérotinia ne doit pas être négligée et en cas de risque, mieux vaut éviter les variétés des groupes I et II, particulièrement en système irrigué.
La tenue à la verse facilite quant à elle la récolte et limite le développement du sclérotinia.
Qui plus est, utiliser des semences certifiées permet d’accéder aux dernières innovations génétiques, c’est-à-dire à des variétés plus productives et plus robustes.

Une inoculation nécessaire

Pour une première culture de soja, il est nécessaire d’inoculer les parcelles, à raison de dix unités par quintal produit. Les bactéries permettent la fixation symbiotique du soja et ne sont en effet pas naturellement présentes dans les sols français.
« Il n’est pas nécessaire de ré-inoculer les cultures ultérieures », ajoute Yann Janin, conseiller agroenvironnement à la Chambre d’agriculture de l’Isère. La plante s’autoalimente à 80% en azote et le sol inoculé permet ainsi de compléter ce qui reste.
Neuf parcelles ont été inoculées dans la région, principalement avec du Force 48 et du Rizholiq Top. Une très bonne nodulation a été constatée sur toutes les parcelles.

Une maîtrise de l’irrigation

« Le soja ne s’irrigue pas de la même manière que le maïs, explique Yann Janin. Les deux espèces ont le même besoin en eau mais la période d’irrigation est plus longue pour le soja. » Ce dernier doit commencer à être irrigué au moment où la première fleur apparaît et ce jusqu’à trois semaines avant la récolte, lorsque la plante commence à brunir. Des doses fortes et espacées doivent être privilégiées.
Seules quatre parcelles iséroises de l’observatoire ont été atteintes par le sclérotinia, ce qui montre que le pilotage de l’irrigation limite le risque d’attraper cette maladie.

2022 : méfiance pour les coûts de production

Mais attention à l’augmentation des coûts de production prévus pour 2022, qui auront un impact sur le chiffre d’affaires obtenu. En plus des coûts de l’énergie, ceux de l’irrigation devraient fortement augmenter. Les besoins en irrigation sont variables selon les systèmes mais le coût moyen serait de 20 centimes le mètre cube. 
Il faut également compter sur le fait que les postes de semence augmenteront d’environ 200€ par hectare en agriculture biologique. En conventionnel, l’augmentation sera légèrement moins élevée.
Mais bonne nouvelle tout de même pour le soja français : les prix de la production sont attractifs et supérieurs à ceux du Brésil, aujourd’hui leader dans la production de soja.
Et même si la hausse du prix de la fertilisation est très marquée entre 2021 et 2022, les légumineuses, dont le soja et le tournesol, sont bien moins exposées à cette flambée. De quoi encourager la poursuite de l’observatoire par Terres Inovia et la Chambre d’agriculture de l’Isère en 2022.

Morgane Poulet

Etat des cultures de Cap Protéines

- Hauteur moyenne de la première gousse en conventionnel : 17 cm ; en bio : 13 cm
- Plus la hauteur de la première gousse est forte, plus le rendement est élevé
- 2 ou 3 gousses par pied laissées au sol = 10% de la récolte en moins
- Nombre moyen d’étages/plante = 9,5
- Nombre moyen de ramifications/plante = 0,8
- Nombre moyen de gousses/plante = 24,5