Noix de Grenoble
Des investissements au service de la qualité

La récolte de la noix a subi de profonds bouleversements depuis une vingtaine d'année. Le nouveau matériel utilisé par les nuciculteurs a permis une importante amélioration de la qualité.
Des investissements au service de la qualité

Un parcours du combattant. C'est ainsi qu'il est possible de qualifier l'itinéraire que suit la noix de Grenoble entre le moment où, arrivée à maturité, elle tombe du noyer et celui où le consommateur peut la retrouver ensachée dans les étals. Un parcours commencé chez les nuciculteurs et terminé chez les metteurs en marché.

La récolte varie d'une année à l'autre, selon les conditions climatiques. Mais la procédure est toujours la même. « Quand elles sont mûres (et après que la date de début de récolte a été fixée par la commission maturité de l'AOP Noix de Grenoble), nous effectuons, avec la ramasseuse, deux, trois, ou quatre passages (selon la météo), au fur et à mesure qu'elles tombent naturellement, de façon à ce qu'elles restent le moins longtemps possible par terre. Et, en fin de récolte, nous secouons les noyers pour qu'il n'en reste plus aucune », explique Michel Blain, nuciculteur à Beaulieu. « Emmenées dans la foulée à l'exploitation, elles sont lavées puis triées grossièrement. Elles sont ensuite évacuées dans des séchoirs artificiels, fonctionnant au gaz ou grâce à des chaudières à bois déchiqueté. Elles y restent deux à quatre jours (selon le taux d'humidité), puis elles repartent sur d'autres tapis, passent dans un séparateur (qui souffle de l'air dans un canal vers le haut permettant d'enlever les coquilles vides, non visibles à l'œil), parfois dans une calibreuse et sont à nouveau triées, de façon plus fine, pour enlever toutes les noix non commercialisables », poursuit le nuciculteur. Pour le professionnel, « cette rapidité à ramasser, laver et sécher la noix est déterminante, c'est la clé de la réussite ».

Suréquipé

En 2015, la récolte de noix n'a donc plus rien à voir avec celle qui était faite il y a encore 30 ans. Cela fait une vingtaine d'années que cette révolution s'est amorcée. Mais elle n'est pas terminée. Si, aujourd'hui, toutes les noix sont récoltées à l'aide de ramasseuses, les nuciculteurs de la zone d'appellation « Noix de Grenoble » continuent de s'équiper. Petit à petit, car les investissements sont onéreux. Il faut compter entre 80 et 130 000 euros pour une ramasseuse, entre 10 000 et 25 000 euros pour une secoueuse, environ 12 000 euros pour une laveuse simple, 2 500 euros pour un séparateur de noix sèches et entre 3 500 et 10 000 euros pour un séchoir à gaz, sans compter les nombreux tapis et autres installations nécéssaires au fonctionnement de l'ensemble de la station. Mais ils sont indispensables pour parvenir à récolter la noix dans les meilleures conditions y compris les années durant lesquelles la météo est capricieuse.

Grille qualité

Chez les metteurs en marché, les noix poursuivent leur chemin. Elles sont à nouveau calibrées, passées dans un séparateur, triées, pour être ensuite conditionnées, et, enfin, expédiées.  A leur entrée en station, des échantillons de noix sont prélevés pour connaître les calibres et le taux de déchets des noix, qui serviront à constituer le prix définitif du produit. A Coopenoix à Vinay, une politique d'agréage visant à payer les producteurs à la qualité a été mise en place. « Cette grille qui repose sur des critères de taux de déchet, de taux de cerneaux blancs et de couleur de coquille ne vise pas à sanctionner les nuciculteurs mais au contraire à les inciter à poursuivre leurs efforts », précise Marc Giraud, directeur de Coopenoix. Différentes primes (qualité, apport précoce, AOC, Global Gap, adhérent, stockage) viennent ainsi s'ajouter au prix initial, basé sur les calibres. Ces efforts de technicité ont payé car, depuis quelques années, la noix de Grenoble et ses congénères se trouvent bien valorisées. Mais c'est une nécessité pour financer ces équipements. Selon Arnaud Rivière, responsable qualité au sein des établissements Rivière à Vinay, « cela correspond à un travail de filière au sein de laquelle tous les maillons sont importants (producteurs et metteurs en marché, mais aussi fabricants de machines agricoles et station expérimentale) pour sans cesse améliorer la qualité ».

Isabelle Brenguier