Les ventes de matériel agricole sont boostées par cette mesure fiscale qui ouvre des déductions sur le résultat imposable.
Un Macron dans le moteur

Lors de son lancement, dans le cadre de la loi de finances de 2015, le suramortissement Macron ciblait plutôt la relance de l'investissement productif dans le milieu industriel. Son extension au domaine agricole n'est pas passée inaperçue. Même en temps de crise. « Nous avons surtout constaté un effet du dispositif en novembre et décembre 2015, voire un peu en janvier 2016, pour des commandes de matériel neuf et afin de bénéficier du suramortissement avant la date butoir du 14 avril 2016 », constate Vincent Chambon, chef des ventes des établissements Chavanel Agri à La Côte-Saint-André. Pour lui, le phénomène relève surtout de l'anticipation de la part de personnes qui, de toute façon, avaient prévu d'investir. Le concessionnaire a constaté que 20% de son chiffre d'affaires avait ainsi été réalisé en amont. « Aujourd'hui, c'est plus calme. Comme le dispositif est prolongé jusqu'en juillet 2017, nous ne nous attendons pas à ce que les ventes redécollent avant mars ou avril 2017. »

A moins que certaines exploitations ne désirent aussi récupérer la TVA sur leurs achats de l'année avant le 31 décembre 2016, ce qui pourrait redonner un coup de pouce aux ventes en fin d'année. Autre constat fait par le responsable des ventes : les acheteurs désirent bénéficier de l'amortissement au maximum. Le matériel est acheté à 100% sur de l'emprunt avec des enveloppes moyennes de 100 000 euros.

Ouvert aux Cuma

En revanche, le marché de l'occasion marque le pas. Car une grande partie des professionnels ne dispose pas des liquidités nécessaires et les banques semblent moins à l'écoute de ce type d'investissement. Enfin, s'il s'agit de matériel de deuxième main récent, les acheteurs préfèrent basculer vers du neuf et bénéficier des avantages du suramortissement Macron.
« Ce sont des investissements qui auraient eu lieu de toute façon », confirme Vincent Schneider du Cerfrance Isère. En revanche, il pense que « les enjeux fiscaux sont modérés car les revenus ont beaucoup chuté ».
Il rappelle que de nombreuses exploitations sont aujourd'hui en difficulté en raison de la baisse des prix de la viande, du lait et des céréales, mais aussi parce qu'elles se trouvaient confrontées à des problématiques de surinvestissement, avec des annuités importantes, qu'elles ne pouvaient rembourser. Paradoxalement, cela ne semble pas avoir affecté la course au machinisme. Le dispositif est ouvert au crédit bail qui est largement utilisé. « De plus, avec les difficultés financières, on aurait tendance à penser que les exploitations iraient vers la mutualisation des investissements, or c'est l'inverse », note le conseiller.
Cette année, le suramortissement Macron a été étendu aux adhérents des Cuma, ce qui permettra peut-être de favoriser l'achat collectif, notamment sur des matériels qui ne tournent qu'une partie de l'année.

Isabelle Doucet

Comment ça marche ?

Un bien est acheté 100 000 euros. Avec un amortissement sur cinq ans, l'investisseur déduit chaque année 20 000 euros de ses résultats comptables.
A cela s'ajoute le suramortissement Macron, qui joue à hauteur de 40% de la valeur HT du bien, ce qui donne 40 000 euros de déduction supplémentaire sur cinq ans, soit 8 000 euros pas an.
L'investisseur pourra donc déduire 28 000 euros pendant 5 ans de son résultat imposable (IS ou IR).