Festival Berlioz
Les mythes, des plus grands aux plus modestes

Isabelle Doucet
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Le grand rendez-vous annuel proposé dans la Bièvre et ses alentours sera une nouvelle fois émaillé de surprises et de belles rencontres. Le thème des mythes choisi par le directeur du Festival Berlioz, Bruno Messina, crée de nombreux ponts entre Berlioz et ses contemporains romantiques. 

Les mythes, des plus grands aux plus modestes

Mais comment fait-il ? Chaque année, Bruno Messina, le grand ordonnateur du festival Berlioz à La Côte-Saint-André, réitère l’exploit de renouveler l’exploration de la vie et de l’œuvre du grand compositeur. 
Cette année, le thème retenu aura pour axe principal les mythes. « Berlioz est un écrivain, il écrit ses mémoires et invente aussi ses propres mythes, explique Bruno Messina. Mais que sont devenus ces mythes ? » 
Trois temps seront donnés tout au long de ce festival qui se déroulera du 20 août au 3 septembre, en grande partie à La Côte-Saint-André, mais aussi au couvent des Carmes à Beauvoir-en-Royans, le 26 août.
Les mythes collectifs vont être abordés lors de grandes épopées telles que Les Troyens, « tandis que la petite société qu’est le couple sera évoquée avec Pauline Viardot », explique Bruno Messina. « L’époque est aux romantiques, ils seront inspirés par les mythes, Berlioz le premier. »

 « Un vieil ami du festival »

Le coup d’envoi sera donné le 20 août  par, excusez du peu, Renaud Capuçon, « vieil ami du festival qui entame une nouvelle carrière de chef d’orchestre », avec trois pièces de l’immense Beethoven. Deux romances, un triple concerto et une symphonie vont occuper cette soirée de lancement. 

Le 21 août, petit détour par la chapelle de la fondation des Apprentis d’Auteuil avec un orchestre baroque, le Jeune orchestre Rameau dirigé par Bruno Prociopo. « Rameau fait passer la musique de bande de violons à orchestre », commente Bruno Messina. 

Les 22 et 23 août, deux soirs de suite, direction les horizons troyens. Après trois années de travail, naît Les Troyens, opéra en cinq actes et autant d’heures. L’œuvre est jugée trop longue et onéreuse. Le Théâtre Lyrique acceptera de le présenter, mais en le partageant en deux. Cette œuvre mythique est donc portée lors des deux soirées par le maestro John Eliot Gardiner, qui fête en même temps ses 80 ans. 

Le 24 août, le Cercle de l’harmonie présentera Harold en Italie.  La première partie est consacrée à l’ouverture des Créatures de Prométhée, de Beethoven et à la Symphonie en ut majeur de Bizet. 

Le vendredi 25 août, un grand hommage sera rendu à Pauline Viardot,  dont les talents d’interprétation ont tant conquis Berlioz qu’il en tombera follement amoureux. La carrière polyvalente de l’interprète sera retracée par la mezzo-soprano Marina Viotti sous la direction de Christophe Rousset. 

Deux grandes soriées

Deux grandes soirées au cours du week-end des 26 et 27 août Carmina Burana sera présenté par l’orchestre et le chœur du Téatro régio Torino, à Beauvoir-en-Royans. « Il faut attendre la tombée de la nuit pour avoir un immense ciel étoilé », souligne Bruno Messina. L’esplanade devant le couvent sera donc appropriée pour prêter à cette œuvre, l’écrin qu’elle mérite. 

  Charles Dutoit

Le dimanche soir, retour à La Côte-Saint-André pour apprécier la Damnation de Faust. Cette légende dramatique, rarement jouée du temps du vivant de Berlioz est proposée par l’Orchestre de Suisse romande et le chœur de Radio France, sous la baguette de Charles Dutoit pour lequel ce sera la première participation au festival. 

Lundi 28 août, Hercule sera donné à la chapelle de la fondation des Apprentis d’Auteuil, dans une mise en scène originales avec des chanteurs sur scène et sur écran, dont la présence des uns et des autres alternera de façon étonnante. 

Le lendemain 29 août, un hommage sera rendu à Adèle Hugo, fille de Victor, son poète de père. Adèle était pianiste et a composé des mélodies. Certaines ont été perdues, mais 200 ont été retrouvées et 17 d’entre elles seront jouées au cours de la soirée. 

Mercredi 30 août verra sous le titre Episodes de la vie d’un artiste, la Symphonie fantastique qui retrace sous une forme à peine déguisée celle de Berlioz et de sa passion dévorante pour la comédienne Hariet Smithson. 

Jeudi 30 août, lui succèderont Légendes d’Irlande, neuf mélodies inspirées à Berlioz par Harriet elle-même qui deviendra sa femme. L’Ulster Orchestra donnera une « véritable couleur irlandaise » à ces œuvres. 

Fiona Monbert dirige l'Ulster orchestra

Le 1er septembre, place à l’Héroïque  de Beethoven, sa troisième symphonie composée en 1803-1804 pour célébrer Bonaparte et les idéaux de la Révolution. La direction de l’orchestre sera assurée par Claire Gibault, « héroïque parce qu’elle n’a cessé de se battre pour la progression des femmes chefs d’orchestre », s’enthousiasme Bruno Messina. 

Les  Légendes symphoniques devraient attirer du monde le 2 septembre parce que la scène accueillera l’Orchestre philarmonique d’Israël, classé parmi les cinq meilleurs au monde et dont la venue en France est un évènement exceptionnel. 

Le 3 septembre, pour la clôture du festival, ce sera 14 juillet ! Au cœur de ce programme, la Symphonie funèbre et triomphale de Berlioz dans sa version la plus complète, jouée par l’Orchestre de la Garde républicaine et le chœur de l’Armée française. Une soirée en apothéose. 

Jean-Marc Emprin