Le rendez-vous attendu entre l’Élysée et les syndicats agricoles a été finalement reporté. Matignon continue de discuter avec les organisations agricoles pour trouver des mesures de « sortie de crise ».
À une semaine du congrès de la FNSEA, que doit clore le ministre de l’Agriculture le 28 mars, le syndicat majoritaire et Jeunes agriculteurs ont exposé, le 19 mars, cinq « blocs » de priorités au Premier ministre, Gabriel Attal, qui les recevra à nouveau lundi 25 au soir, a annoncé le président de la FNSEA Arnaud Rousseau à l'AFP à l'issue de son entretien à Matignon. « Nous voulons un calendrier clair sur les cinq blocs que sont les retraites, les moyens de productions (phytosanitaires, eau…), la compétitivité, les mesures de trésorerie et la rémunération », a-t-il expliqué. La réunion à Matignon s'est tenue après le report d'une rencontre prévue cette semaine avec le président de la République, Emmanuel Macron, qui devait achever la séquence des manifestations agricoles de fin janvier-début février et des tensions qui ont émaillé sa visite au Salon de l’agriculture. Le président de la FNSEA avait annulé le rendez-vous, expliquant que « les conditions pour sortir de la crise agricole n'étaient pas réunies », refusant de « faire porter aux syndicats cette responsabilité ». Il visait des propos rapportés par la presse, selon lesquels les pouvoirs publics auraient fustigé des « syndicats incapables de se mettre d'accord sur 4 ou 5 mesures fortes ». Selon une source gouvernementale, citée par l’AFP, les syndicats devaient « se mettre d'accord sur une feuille de route, sur 4 à 5 grands objectifs ou revendications ». « Tant que ce n'est pas le cas, une réunion (avec Emmanuel Macron, NDLR) n'aurait pas de sens ». Cette ultime phase de concertation se déroule dans une relative confusion. La dernière réunion des syndicats agricoles à Matignon le 11 mars n'a pas été interprétée de la même façon par les participants. Que Gabriel Attal ait souhaité aboutir à « 4 ou 5 mesures » à transmettre à l'Élysée, qui pourraient conclure la séquence de manifestations ouverte fin janvier, tous l'avaient bien compris à l'issue de la réunion. Mais cette synthèse devait-elle être faite par les syndicats eux-mêmes ou par Matignon ? Le doute subsiste.
Exécution des 62 mesures
« Que les gens découvrent que les syndicats agricoles ont des positionnements différents m'étonne », a réagi de son côté Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. « Le sujet, pour nous, c'est surtout l'exécution des 62 mesures. » Il se dit toutefois ouvert, sur le principe, à une discussion entre les syndicats, tout en prévoyant que ces échanges achopperaient sur la question des produits phytosanitaires.
Sur le sujet des retraites, la FNSEA avait quitté la dernière réunion à Matignon, devant l’annonce d’un possible report de deux ans de la mise en œuvre de la réforme des 25 meilleures années. Dans un entretien publié dans Les Échos le 19 mars, Arnaud Rousseau a précisé la position de la FNSEA sur les prix planchers : « Nous voulons que les indicateurs de coûts de production interprofessionnels soient à 75 % pris en compte dans les calculs de prix ». En matière de trésorerie, Arnaud Rousseau a expliqué, la semaine dernière à Agra Presse, attendre des mesures supplémentaires pour les profils d'agriculteurs qui ne pourraient pas bénéficier des prêts bonifiés annoncés fin février : « Pour les exploitations en situations délicates, l'État doit entrer en action pour accompagner la restructuration, soit par des prêts supplémentaires, soit une prise en charge de cotisations - sur ce dernier point, il faut aller plus loin que le budget annuel actuel de la MSA », a-t-il plaidé.