Malgré les défis économiques, la filière ovine de l'adret a poursuivi ses efforts en 2023 pour promouvoir l'agneau de qualité. Son objectif : valoriser l'image du label rouge et stimuler la demande, face à une baisse de la consommation.
Dans un bassin de production étendu, la filière ovine a connu une année 2023 difficile : « malgré des prix de vente élevés, les achats des ménages ont continué de baisser, ce qui n'a pas dynamisé la production. Les marchés de niche ont été moins touchés que le bio, et bien que les labels aient limité les pertes, les coûts de production sont restés élevés », remarque Lionel Araujo, chargé de mission à la chambre régionale d’agriculture, lors de l’assemblée générale de l’association de promotion de l’agneau de l’adret (APAA) le 14 mai à la Maison des agriculteurs de La-Tour-de-Salvagny (Rhône). Dans ce contexte complexe, la filière a tenté de se développer, mais l'installation de jeunes reste un défi. Éric Greffe-Fonteymond, qui cède sa place de président, met en lumière les efforts déployés pour promouvoir l'agneau de l'adret. « En janvier, le magasin de Voreppe, leader sur la transformation de viande en label rouge, a mis en avant l'agneau de l'adret. Prouver que l'agneau peut être préparé et cuit rapidement pour séduire de nouveaux consommateurs et une clientèle jeune est une démarche essentielle. » 2023 a aussi vu l’arrivée d’un nouvel opérateur sur le secteur sud, « et un nouvel abattoir sur le site de Bellac, à nous de pérenniser ces outils pour nos structures ».
61 % des agneaux de l’adret issu de la région
« La signature du plan filière démontre l'engagement continu de la Région envers la filière ovine. Une enveloppe d'environ 45 000 € est allouée aux signes officiels de qualité label rouge, distribuée en fonction du volume. Nos récentes distinctions avec une médaille d’argent et une de bronze au Salon international de l'agriculture attestent de notre succès constant. Malgré la réduction de la présence de l'agneau dans les rayons, notre filière est reconnue pour son excellence et ses succès », indique Lionel Araujo. 61 % des agneaux de l’adret sont issus de la région Auvergne Rhône-Alpes, « l’Ardèche reste le premier département en nombre d’agneaux labellisés. On gagne 13 % d’éleveurs par rapport à l’année dernière », précise le chargé de missions.
L’enjeu de l’alimentation animale
Un des enjeux de 2024 est l’alimentation animale. « La récolte de blé a diminué de 30 % en raison des conditions météorologiques défavorables et des zones non semées. Les agriculteurs conservent les céréales sans les vendre à cause des fluctuations quotidiennes des cotations, ce qui crée de l'incertitude sur le marché. Le secteur de l'alimentation animale a enregistré des pertes, avec des fabricants prudents et quelques dépôts de bilan, apporte François Cholat, de la société éponyme basée à Morestel (Isère). Les importateurs anticipent une hausse des prix du tourteau de soja d'ici septembre pour garantir la non-déforestation, tandis que la réglementation européenne sur ce sujet reste incomplète. Le marché de la luzerne est également difficile, avec une baisse prévue de 80 €/t. »
Si l’association constate une baisse d’activité depuis quelques années, « nous comptons toujours plus d’éleveurs référencés, ce qui montre un intérêt pour la filière mais plus de difficultés dans le commerce pour les labels », conclut Lionel Araujo.
Charlotte Favarel
Un engagement de longue date
Alain Crozier, installé en Gaec en Ardèche depuis 1998, prend les rênes de l'association de promotion de l'agneau de l'adret avec un bagage d'expérience et d'engagement déjà bien rempli. « Mon engagement date déjà d'une quinzaine d'années », déclare-t-il. Son prédécesseur, Éric Greffe-Fonteymond, a été contraint de démissionner en raison des problématiques posées par la présence du loup. « Je vais prendre le relais et essayer d'assumer au mieux l'engagement, mettre le plus possible en valeur l'image du label rouge », affirme Alain Crozier, qui a pour habitude d’animer des stands au Salon de l’agriculture.
Promouvoir la consommation
Au-delà de la préservation de la qualité, Alain Crozier insiste sur l'importance de maintenir un prix satisfaisant pour l'agneau, « qui l’est pour le moment ». Cependant, il reconnaît les défis actuels auxquels est confrontée la filière : « la consommation de viande d'agneau baisse de façon très régulière depuis de longues années mais peut-être de façon encore plus importante depuis quatre ans à la suite de la crise sanitaire », explique-t-il, soulignant la nécessité de trouver des solutions innovantes pour stimuler la demande et renverser cette tendance.
C.F.