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Les Cuma proposent des formations sur l'éco-conduite du tracteur et les stratégies à suivre pour acheter du matériel

La Cuma du Pays de Tullins a initié une formation pour réduire la consommation de carburant dans les exploitations. Elle a débuté par un passage des tracteurs au banc d'essai.
Les Cuma proposent des formations sur l'éco-conduite du tracteur et les stratégies à suivre pour acheter du matériel

« Ce n'est pas un contrôle, c'est un diagnostic pour l'agriculteur, une photographie de son tracteur à un instant T ».

C'est ainsi que Franck Loriot, directeur d'une Cuma de l'Ain, mis à disposition de l'association Top Moteur Sud-Est (TMSE), qualifie le passage des tracteurs au banc d'essai moteur, réalisé début décembre à la Cuma du Pays de Tullins.

 

Franck Loriot, de l'association Top Moteur Sud-Est (TMSE),lors du passage des tracteurs de la Cuma du Pays de Tullins au banc d'essai moteur.

 

Première étape d'une formation de deux jours sur l'éco-conduite du tracteur et la réduction de la consommation de carburant dans l'exploitation, ce diagnostic réalisé sur sept tracteurs permet de mesurer leur puissance et leur consommation sur l'ensemble de la plage de fonctionnement du moteur (du régime minimum au maximum).

 

Franck Loriot gère le banc depuis son ordinateur.

 

« Cet état des lieux peut être réalisé à trois moments de la vie du tracteur. Rapidement après l'achat, avant la fin de garantie, pour vérifier que la puissance est conforme à l'origine, pour le régler avant qu'un dysfonctionnement n'altère sa durée de vie et quand il a déjà à son actif un certain nombre d'heures au compteur pour vérifier que sa performance est toujours la même. Et enfin, à tout moment, pour indiquer à l'agriculteur sa puissance et sa consommation de gazole, selon son utilisation, dans le but de réduire les charges de mécanisation de l'exploitation », explique Franck Loriot.

D'après son expérience, le formateur estime qu'un tiers des tracteurs a des résultats conformes à ceux attendus.

Des économies peuvent donc être réalisées.

« C'est toujours intéressant d'identifier les postes sur lesquels les agriculteurs ont une marge de manœuvre. Il peut s'agir de réglages, d'entretien, de changements de filtres... Sur des tracteurs qui font 500 à 600 heures par an, l'impact peut être important », analyse le technicien.

Démarche inversée et professionnalisée

Le passage au bac permet d'identifier les problèmes de puissance des tracteurs.

 

Mais la formation qu'il dispense va au-delà du seul diagnostic.

« Nous ne parlons pas uniquement de conduite économique. C'est par ce sujet que nous commençons la discussion, mais au gré des échanges, nous abordons souvent la question de l'achat de matériel. On se rend compte que les agriculteurs bénéficient de nombreuses informations de la part des concessionnaires. D'où l'importance d'anticiper les achats et de se poser les bonnes questions », ajoute-t-il.

Selon lui, c'est la méthode qui permet d'acheter le matériel réellement adapté aux besoins, en s'interrogeant sur la puissance nécessaire, le type de boîte à vitesse, le nombre d'heures de travail qu'il va effectuer, les outils qu'il va tracter, le type de travail qu'il va réaliser...

L'offre des constructeurs est large ; elle peut répondre à de nombreux besoins. Il vaut mieux les avoir identifiés en amont. « La préparation de ce cahier des charges est très efficace. Elle inverse la démarche et la professionnalise. Ce n'est plus le concessionnaire qui vend un matériel. C'est l'agriculteur - ou un groupe d'agriculteurs - qui achète un outil. Cela correspond à une vraie stratégie », souligne Franck Loriot.

Ce cahier des charges prend un peu de temps en amont, mais il permet d'en gagner par la suite.

Car une fois qu'il est établi, les acheteurs peuvent aller voir les concessionnaires qui leur font une offre correspondant à leurs critères, accompagnée d'un devis.

La réflexion est facilitée.

Dans le cas d'une Cuma, le formateur préconise que les propositions soient remises sous enveloppe cachetée et que la décision soit prise rapidement, lors d'une réunion rassemblant tous les adhérents.

Si la discussion que propose le technicien s'oriente dans cette direction, elle reste toujours fonction du groupe qu'il anime, de son expérience, de son environnement, de ses projets. Il vient avec sa boîte à outils et utilise ceux dont il a besoin.

Isabelle Brenguier