Installation
Diversifier son activité

Morgane Poulet
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Depuis janvier 2023, Mattéo Trouillet a repris l’exploitation familiale située à Saint-Sauveur. Il compte développer plusieurs activités pour se garantir un revenu.

Diversifier son activité
Mattéo Trouillet développe plusieurs ateliers dans son exploitations.

Installé en Earl dans la ferme familiale des Combeaux, à Saint-Sauveur, Mattéo Trouillet a repris les cultures de son père, Yves Trouillet. Accompagné de sa sœur en tant qu’associée non-exploitante, il entretient 50 hectares de noyers et de céréales – blé, colza, maïs et tournesol.
Titulaire d’un bac pro CGEA (Conduite et gestion d’une exploitation agricole) obtenu à la MFR de Chatte, le jeune installé a bénéficié de différents stages obligatoires dans sa formation : en élevages porcins, caprins et bovins, mais également en transformation et en mécanique. « J’ai d’ailleurs passé mon permis poids lourd », explique-t-il, ce qui est très utile dans l’exploitation lorsque de lourdes charges doivent être transportées par camion.
Mais c’est finalement dans la nuciculture qu’il s’installe le 1er janvier 2023, après avoir été salarié de l’entreprise paternelle.
 
Un an de préparation
 
Avant de pouvoir s’installer, Mattéo et Yves Trouillet ont pris conseil auprès de plusieurs structures. « Nous avons pris rendez-vous avec la chambre d’agriculture et un conseiller nous a parlé de différentes possibilités pour la création d’entreprise, nous avons évoqué les avantages et inconvénients de l’Earl ou encore du Gaec, par exemple, afin de voir ce qui était mieux pour nous », explique Mattéo Trouillet. Son choix s’est porté sur l’Earl, car contrairement au Gaec, ce type de société permet de nommer des associés exploitants comme non-exploitants. C’est le cas de sa sœur, qui ne sachant pas encore si elle souhaite reprendre la ferme familiale, a pu être désignée associée non-exploitante aux côtés de son frère, associé exploitant. Elle peut ainsi s’occuper des tâches administratives tout en étant double-active.
Un notaire ainsi que leur comptable leur ont également été d’un grand soutien, les guidant avec précision vers les solutions les plus avantageuses pour eux.
« Nous avons aussi parlé de la PAC, de la DJA et de toutes les subventions possibles avec la chambre d’agriculture, ajoute-t-il, mais je n’ai pas eu recours à la DJA. Il y aurait eu beaucoup de travail administratif, dont un plan prévisionnel précis à faire pour finalement ne toucher qu’une petite somme, car nous sommes situés en zone de plaine ». Son père ayant investi dans de nombreuses améliorations (le bâtiment de 700 m2 a été refait il y a trois ans, de même que les chaînes de lavage, de séchage et de calibrage), tant en termes de bâtiment que de matériel, il était plus rentable de s’appuyer sur ces travaux et de rembourser les prêts.
 
Varier les activités
 
Pour consolider les revenus de l’exploitation, Mattéo Trouillet compte poursuivre le développement des activités initié par ses parents, mais aussi tenter d’en trouver d’autres. « Nous faisons de la vente directe depuis trois ans désormais, précise-t-il. Nous passions auparavant par une coopérative, mais les aléas des prix nous ont poussés à changer de méthode de commercialisation. Actuellement, nous passons à 50 % par une coopérative et à 50 % en vente directe ».
Il a pour projet de ne plus passer par des intermédiaires pour vendre ses noix, car cela lui permettrait d’être assuré d’un prix fixe et de ne pas dépendre des autres. Cette année, ils ont ainsi pu écouler 70 % de leurs produits en vente directe, essentiellement des noix en coque et des cerneaux sous vide.
L’agriculteur ne transforme pas l’huile sur place, il a recours à un moulinier mais embouteille ensuite lui-même l’huile produite. « Je ne dispose pas non plus d’un laboratoire, donc nous ne faisons pas directement nos noix caramélisées, par exemple, précise-t-il, mais nous nous occupons bien de leur commercialisation, le magasin se trouvant dans le bâtiment neuf ».
La Ferme des Combeaux aimerait aussi pouvoir se diversifier en termes de cultures. « Nous avons tenté le colza, par exemple, mais le problème principal concerne les prix d’achat, confie Mattéo Trouillet. En 2022, la tonne était à 700 euros et cette année, elle est à 400. Toutes les charges augmentent, mais pas les prix ».
L’exploitation mise alors sur l’accueil de camping-cars à la ferme. Les touristes peuvent se garer sur le parking de l’exploitation gratuitement en échange d’achats de produits de la ferme. « Nous accueillons entre 80 et 100 camping-cars par an, principalement l’été, et nous en profitons pour leur faire visiter le site et leur expliquer comment nous travaillons », ajoute-t-il. Référencée sur le site France Passion, la ferme accueille de nombreux touristes français, mais aussi étrangers, tous intéressés par les spécialités du terroir du Sud-Grésivaudan.

Morgane Poulet