Méthanisation
Barrage filtrant à Apprieu pour débloquer le méthaniseur

Épaulés de nombreux agriculteurs du secteur, les exploitants associés dans le projet Méthanisère à Apprieu, ont organisé ce lundi 12 février un barrage filtrant au rond-point de l'autoroute et devant la mairie pour dénoncer le blocage du dossier par cette dernière.
Barrage filtrant à Apprieu pour débloquer le méthaniseur

Les tracteurs ont pris position dès 5h30 devant la mairie d'Apprieu et 6h30 au rond-point autoroutier de Rives, ce lundi 12 février.

Les agriculteurs du projet Méthanisère, « après six années d'échanges permanents dans les comités de pilotage » sont à bout et ont décidé de filtrer les accès à l'autoroute et à l'axe de Bièvre.

Patiemment, ils ont distribué des tracts aux automobilistes, parfois grincheux au bout de près d'une heure d'attente, souvent compréhensifs. Il faut dire que le méthaniseur d'Apprieu, tout le monde en a entendu parler. Mais la sensibilisation à un dossier plus passionnel que complexe n'est jamais vaine.

 

 

La cause des déboires des exploitants est le recours déposé par la mairie d'Apprieu contre le permis de construire et le permis d'exploiter délivré par l'Etat, procédure qui bloque le projet.

Pourtant, ils le répètent : ils ont reçu le soutien de parlementaires dont la députée Monique Limon, qui participe désormais au groupe de travail sur la méthanisation à l'Assemblée nationale, le sénateur Didier Rambaud, l'Ademe, l'Etat, la Région Aura, le Département de l'isère, la Communauté de communes, la chambre d'agriculture, les syndicats dont la FDSEA, et même l'appui financier des banques.

Alors leurs banderoles sont explicites : « La mairie d'Apprieu participe au génocide des agriculteurs »« Oui au méthaniseur de La Croix Vanel », « Un avenir pour les jeunes agriculteurs » ou encore « Exproprié par cette mairie ».

Une opposition de principe

Lionel Termoz-Bajat, président de Méthanisère se désole de « ne pas trouver de terrain d'entente ». Le matin même, il a essuyé le courroux du maire qui a découvert une mairie devenue inaccessible. 

Le 10 janvier dernier, une réunion avait lieu en mairie rassemblant les membres du conseil municipal et la députée Monique Limon, à l'issue de laquelle la mairie a maintenu son recours. « C'est une opposition de principe », estime le président car les permis ont été délivrés par les services de l'Etat et non pas par les service municipaux. Lors de la réunion publique, qui s'était déroulée le 19 décembre dernier, le maire s'était déjà ému de la compétence des services de l'Etat pour instruire ces dossiers.

 

 

Lors de cette même réunion publique, qui avait fait salle comble, le sujet de la stratégie foncière avait été évoqué, portant un autre éclairage sur la question du méthaniseur.

Las de ces disputes pour des intérêts qui apparaissent de plus en plus privés, un groupe d'Apprelans vient de monter un comité de défense Pour le méthaniseur de La Croix Vanel.

« J'habite derrière la mairie. Je n'ai pas de famille dans l'agriculture, déclare Anne Champon, la présidente du tout nouveau comité. Mais on n'avance pas dans la méthanisation. Je ne gagne rien à être là aujourd'hui et à les défendre, mais c'est un projet d'avenir. »

Leur donner un souffle

La jeune femme cite les nombreux avantages écologiques et agroécologiques qui président à ce type d'équipement.
Elle fait valoir le caractère rural d'Apprieu, la valorisation du foncier par un environnement agricole dépourvu d'intrants phytosanitaires, défend la présence des agriculteurs dans la commune garants du bien-vivre et apporteurs de produits locaux dans les magasins de producteurs du secteur.

« Cela permet surtout aux agriculteurs de vivre, leur donne un souffle », déclare-t-elle en se demandant pourquoi les projets industriels du secteur, bien plus producteurs de nuisances, n'ont donné matière à aucune protestation.

Anne Champon regrette que des intérêts personnels parviennent à s'imposer face à un raisonnement global.

Alors le comité s'est donné pour mission d'expliquer la méthanisation, que ses membres en parlent autour d'eux, se renseignent comme elle l'a fait lorsqu'elle s'est posée des questions « et ne pas rester bloqué ».

Isabelle Doucet

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