Ce n'est pas uniquement parce que la date a été déplacée au week-end de Pâques, mais l'absence du concours régional des blondes d'Aquitaine, de la volaille et d'une partie des concessionnaires de machines agricoles donnent une dimension modeste à la 48e édition de la foire de printemps.
Une petite petite foire d'avril

Traditionnellement, la foire de Beaucroissant d'avril se déroule « durant le week-end le plus près de la saint Georges, sauf s'il s'agit de celui de Pâques ». Mais cette année, les élections présidentielles sont venues perturber l'adage.

Dommage, ça tombait le bon jour, mais la préfecture ne pouvant assurer la sécurité de deux événements majeurs en Isère, elle a demandé aux organisateurs de déplacer la foire.

Une fois n'est pas coutume, c'est donc le week-end de Pâques qui a été choisi, non sans quelques conséquences. « Certains ont joué le jeu, d'autres pas », commente le maire de Beaucroissant Georges Civet.
Il reconnaît qu'il a été délicat « de faire admettre aux commerçants de changer de date, le week-end de Pâques étant habituellement consacré à d'autres activités. »

Avant de reprendre : « La foire se fera. Elle sera certainement moins bonne. »

Y aller ou pas

Il salue la présence des exposants de matériel agricole qui ont tout de même souhaité être là.

C'est le secteur où les choses ont été le plus compliquées, surtout pour les grosses structures qui emploient des salariés. A cette question de la disponibilité du personnel sur site s'est ajoutée celle de la fréquentation de la foire, un jour férié, que beaucoup préfèrent passer en famille.

La présentation de matériel à la Beaucroissant représente des charges que certaines entreprises ont préféré s'économiser, n'étant pas certaines que les affaires seront au rendez-vous.

C'est la position adoptée par la plupart des vendeurs de machines agricoles adhérents au Sedima*.

« J'ai toujours été très solidaire de mes collègues du Sedima et j'aurais souhaité, comme eux, que la foire se déroule à une autre date, déclare Jean-Claude Paron, distributeur de matériel agricole à Prébois dans le Trièves. Mais nous sommes une petite entreprise. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas y aller une année où nous sommes chargés en matériel d'occasion. Pour nous, la foire de Beaucroissant a toujours bien marché. »

Sa décision n'a pas été simple à prendre, « mais lorsque nous avons abordé le sujet avec l'équipe de vente, tous ont exprimé la volonté d'y aller ».

Le gérant de la société a cédé la direction à ses deux enfants. L'équipe est jeune, motivée, liée à l'entreprise. « Nous sommes loin de Beaucroissant et il nous faut déplacer du matériel. Nous essayons de proposer des machines qui collent aux besoins des acheteurs de la foire, pas des tracteurs trop chers, des faucheuses, des endaineuses. Nous ne pouvons pas manquer les clients de Beaucroissant. »

L'entreprise Paron présente une quinzaine de machines. « On vend aussi après la foire », explique son créateur.

Manque à gagner

Quant aux mauvaises langues qui penseraient que l'absence de concurrence représenterait une opportunité, le concessionnaire s'en défend.

« Lorsqu'il n'y a pas de concurrence, on ne vend pas. S'ils n'ont pas le choix, les clients ne peuvent pas comparer. Lorsqu'on est seul sur un marché, c'est difficile de vendre. »

La désaffection de certains vendeurs revêt des motivations multiples. L'an passé, le mauvais temps avait déjà rendu les affaires difficiles et ils craignent que les mauvaises années ne se suivent.

Il a aussi été question, pendant un certain temps, que les transporteurs ne travaillent pas le lundi de Pâques, jour du démontage, avant d'apprendre que les foires pouvaient disposer d'une dérogation préfectorale.
Le secteur de l'habitat marque aussi le pas pour cette 48e édition de la foire de printemps.

Patrick Bouchet, le régisseur, estime à environ 150 le nombre de marchands qui ne seront pas présents cette année sur 850 stands l'an passé.

Le manque à gagner s'élèverait entre 50 000 et 70 000 euros.

Mais certains en ont profité pour se positionner, créant un peu de renouvellement. « Les bonnes places se sont libérées chez les camelots. Il faudra gérer cela en 2018 ! », anticipe le régisseur.

Cailles du Japon

Les choses ne se passant jamais simplement à Beaucroissant, l'influenza aviaire est venue ternir un tableau déjà assombri.

En effet, un arrêté national interdit la présence de plus d'un vendeur de volailles de basse-cour (poules pondeuses, poules d'ornement etc.) sur une foire.

 

Un seul marchand de volaille sera présent sur le champ de foire.

 

 

L'Isère a préféré l'appliquer sans dérogation, « en raison de la proximité du département de l'Ain où un cas a été observé sur la faune sauvage, il y a deux mois, et du mode de vente sur la foire de Beaucroissant, où il y a beaucoup de contacts entre les clients et les volailles », précise Sylvain Traynard, responsable santé et protection animale et végétale à la DDPP.

Comme cela avait déjà été le cas en 2007, un volailler a été tiré au sort et disposera seul d'un stand de 50m2 approvisionné par quatre semi-remorques de volailles.

« Il sera capable de fournir tous les visiteurs », tient à rassurer Patrick Bouchet.

Pour autant quatre allées de volailles ont dû être fermées et le reste du secteur sera occupé par les vendeurs de gibier (faisans et pigeons), mais aussi de lapins et de cailles du Japon.

Il y aura également très peu de bovins sur le foirail puisqu'un seul négociant vendra ses animaux.

 

Max Josserand reste fidèle au rendez-vous avec ses bestiaux.

 

Quant aux bêtes à concours, les blondes d'Aquitaine ont décidé de ne venir qu'une année sur deux (voir encadré).

Il restera sans doute de quoi satisfaire les amateurs de chevaux, secteur dans lequel de l'ordre a été mis depuis deux ans, de chiots, dont les ventes ont fait l'objet d'un contrôle de la DDPP l'an passé, mais aussi de moutons, de lamas ou de chats.
Pour la sécurité des visiteurs, la mairie a fait l'acquisition de 100 blocs de bétons qui seront positionnés aux entrées de foire et surveillés par les forces de l'ordre, les agents de sécurité et les bénévoles.

Isabelle Doucet

*Sedima : Syndicat national des entreprises de service et de distribution du machinisme agricole

 

Concours

Les blondes d'Aquitaine une année sur deux

« Nous aurions pu faire Beaucroissant, mais après un tour de table, je me suis rendu compte qu'il n'y aurait eu personne », estime Sébastien Rodet, le nouveau président de l'association des éleveurs de la race blonde d'Aquitaine de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Sébastien Rodet est le nouveau président d ela section Sud-est de la race blonde d'Aquitaine.

Difficile de mobiliser les éleveurs régionaux, notamment depuis la fusion d'Auvergne et de Rhône-Alpes.
Explication : la région compte un concours interrégional qui se déroule à Bourg-en-Bresse tous les deux ans. Le prochain aura lieu du 24 au 26 juin 2017. De sorte qu'il devient redondant avec le concours régional de Beaucroissant.
« Les gens de la région ne voulaient pas participer au concours de Beaucroissant cette année. Nous préférons nous préparer pour avoir un bel interrégional à Beaucroissant en avril 2018. Car le projet de la section Sud-Est est bien que perdure Beaucroissant ! », affirme le nouveau président.
Pour autant, la section cherche des fonds car elle ne bénéficiera plus de toutes les infrastructures qu'apportait son ancien président Henri Gueydan.
Raison de plus pour faire l'impasse cette année : le partenaire MSE, qui fournit le tunnel, ne pouvait pas assurer sa prestation le week-end pascal.
Concours inter régional

Depuis 2010, le concours blondes d'Aquitaine a trouvé son ancrage à Beaucroissant. « Nous apprécions de nous retrouver entre nous et de faire connaître la blonde au public », note le président.
Chaque année, une quarantaine de bêtes sont présentées pendant la foire d'avril et remportent un vif succès.
« Mais avec la crise, c'est dur de sortir les animaux pour les concours, reconnaît Sébastien Rodet. Cela coûte de l'argent. »
Il y a 59 éleveurs et 2 303 animaux inscrits en sélection pour la région Auvergne, Rhône-Alpes, Méditerranée. L'effectif est en progression de 5%.
En Isère, les éleveurs de blondes d'Aquitaine inscrits à l'OS sont au nombre de huit.
La section s'est donc fixé pour objectif d'organiser un concours interrégional chaque année, alternativement à Bourg-en-Bresse et à Beaucroissant.
« Nous souhaitons également participer davantage au sommet de l'élevage à Cournon au mois d'octobre», indique Sébastien Rodet.
Les éleveurs de blondes d'Aquitaine ont aussi inscrit à leur calendrier le concours Euroblonde qui se tiendra en septembre à Sedan, dans les Ardennes. De plus, ils préparent le prochain National de la blonde qui se déroulera à Cournon en 2019.
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