Gestion
Les investissements pèsent sur le coût de production de la noix
« C'est une problématique française : on produit, mais on ne sait pas combien ça coûte », reconnaît Jean-Christophe Carlin, conseiller Cerfrance à Chatte. Une incertitude à laquelle s'ajoute le fait que « les agriculteurs n'ont pas la main sur les produits vendus. »
C'est la raison pour laquelle Cerfrance a lancé un observatoire du coût de revient en noix, avec l'appui financier et technique de Coopenoix.
« A quel coût produire ? Sommes-nous loin du prix de vente par rapport à la rémunération attendue ? », questionne le conseiller.
Ces interrogations sont d'autant plus rares que la noix s'inscrit sur un créneau porteur. Mais en cas de fluctuations du marché, de quelle façon la filière pourrait-elle absorber une baisse des tarifs ? Existe-t-il un risque de vendre en dessous du coût de production ?
Ce travail d'analyse des données économiques n'avait jamais été réalisé. « C'est une question délicate », reconnaît Jean-Christophe Carlin.
Basée sur un échantillon de 30 nuciculteurs, l'étude s'est intéressée à la structure et l'évolution du coût de revient en noix entre les campagnes 2010 et 2014. Ce coût est exprimé en euros/ha de SAU noix.
Des investisements
Les charges ont été passées à la loupe : charges opérationnelles (16%), main-d'œuvre (12% du coût), mécanisation (32%), bâtiment et foncier (13%), charges financières, frais généraux, charges supplétives (17%).
Entre 2010 et 2014, le coût de revient a progressé de 15%, passant de 4 420 euros/ha à 5 127 euros/ha.
Les postes ayant le plus fortement progressé sont les charges de main-d'œuvre (+81%), les charges de foncier et de bâtiment (+45%) et les charges de mécanisation (+20%).
Ces augmentations, pour conséquentes qu'elles soient, reflètent la dynamique de la filière qui a largement investi au cours de ces dernières années pour améliorer ses résultats économiques.
La hausse des charges fiscales et sociales est une conséquence de l'embellie.
Une fois l'ensemble des données mises à plat, incluant le calcul des charges réelles des producteurs, la rémunération foncière et la rémunération du capital et partant sur la base 1,5 Smic de rémunération, un vrai coût s'est dégagé.
Deux euros
« Nous avons eu une surprise, rapporte Jean-Christophe Carlin. Le coût de revient pour produire un kilo de noix s'élève à deux euros. »
Ce résultat est à mettre en perspective avec le prix de vente de la noix qui, en 2015, s'est élevé à un peu moins de trois euros départ exploitation.
Ces chiffres permettent désormais de mieux appréhender les fluctuations du marché.
« A deux euros, cela paye les charges et les salaires, mais il n'y a pas de marge de manœuvre », insiste le conseiller.
La mécanisation, qui a bénéficié de lourds investissements entraînant de fortes annuités, est un des points sensibles pesant sur l'équilibre de l'atelier nucicole et révélés par l'étude Cerfrance.
« On ne peut pas se permettre de mal récolter ou dans de mauvaises conditions », explique Jean-Christophe Carlin.
Les charges opérationnelles (intrants) ont aussi progressé de 11%, donnant matière à réflexion.
Pour la campagne 2014, un groupe d'une douzaine de nuciculteurs a déjà comparé ses résultats à ceux du groupe référent.
« S'il apparaît des postes de charges supérieurs à ceux du groupe de référence, il faut s'interroger », note le conseiller.
Avec une nuance néanmoins : « Nous allons reprendre les chiffres de 2014 et faire une moyenne avec ceux de 2013 car ce sont deux années exceptionnelles dans le bon et le mauvais sens ».
Isabelle Doucet
Date de la récolte 2016 :La date de récolte Noix de Grenoble 2016 pour les vergers arrivés à maturité est fixée au vendredi 30 septembre, indique le Comité inteprofessionnel de la Noix de Grenoble.
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