Le projet de méthanisation d'Apprieu sort enfin de terre, non sans difficultés.
Premiers coups de pelle pour Méthanisère

« Ce n'est pas évident ce que nous sommes en train de vivre », lance Lionel Thermoz-Bajat, le président de Méthanisère, ce projet de méthaniseur collectif 100% agricole qui voit enfin le jour à Apprieu.

Car le combat fait encore rage en marge des premiers coups de pioche qui marquent le lancement du chantier.
Il y a toujours ce recours déposé par la municipalité et portant sur la forme du permis de construire octroyé par le préfet.

« Cela nous empêche de débloquer des fonds », explique Lionel Thermoz Bajat.

Le montant du projet s'élève en effet à 4,8 millions d'euros, financés en principe par de l'emprunt. « Les banques nous suivent sur ce projet, elles y croient car il est cohérent », affirme l'agriculteur.

Verbalisation

« Il y a aussi cet arrêté municipal pris en mars dernier et qui interdit la circulation des engins de plus de 3,5 tonnes – excepté les engins agricoles et les véhicules communaux – sur la route qui dessert le futur méthaniseur. Lorsque nous avons fait livrer la pelleteuse pour décaisser, le conducteur du camion a été verbalisé », raconte avec amertume Lionel Thermoz-Bajat.

Il regrette la position de blocage de la mairie et reprend les termes de Pascal Denolly, le président de la FDSEA de l'Isère, qui déplore que le département compte plus de 1 000 fermes et pas un seul méthaniseur.

« Il n'y a pas un projet de méthaniseur en France qui ne connaisse pas de problème », poursuit le représentant de Méthanisère.

Il insiste sur l'exemplarité du projet et sa cohérence avec les ambitions agro-écologiques des exploitants. A commencer par la mise aux normes des fermes dans la gestion de leurs effluents d'élevage qui s'opèrera de fait avec la méthanisation.

Agriculture responsable

Le projet de méthanisation est en injection directe de biogaz dans le réseau, ce qui représente un surcoût par rapport à la cogénération.

Il est assorti de toutes les garanties environnementales et accompagne l'évolution des pratiques des sept exploitations et quatorze associés impliqués.

Ils ont créé le GIEE de la Bièvre pour l'achat de matériel de mécanisation qui leur permettra de s'inscrire dans une agriculture responsable, qu'ils soient producteurs laitiers, de viande ou de céréales.

L'objectif est de parvenir à une baisse des intrants tout en allégeant les charges de mécanisation. Le GIEE va donc acquérir du matériel d'épandage et du matériel de précision, un semoir à maïs, une bineuse à maïs, un striptill pour faire du semis direct, une herse étrille, des tracteurs et des remorques.

Les terres epandables représentent une surface de 600 hectares. « Nous sommes 100% propriétaires des intrants et maîtrisons 100% des terres épandables », insiste Lionel Thermoz-Bajat.

Il voit dans les énergies renouvelables une planche de salut pour l'agriculture « qui nous permettrait d'arriver à vivre de nos produits », en offrant des perpectives de rentabilité.

Il ajoute : « On essaie de s'en sortir, on ne mérite pas ça. »

Il faut compter entre 10 et 12 mois pour construire un méthaniseur. Les associés de Méthanisère espèrent une mise en route d'ici au mois de mai ou juin 2018.

« Il y a beaucoup de projets en Isère, il ne faut pas décourager les gens », considèrent-ils.

Isabelle Doucet

Méthanisere en bref

Le méthaniseur 100% agricole d'Apprieu permettra de produire du biogaz à partir de matière organique.
Il aura une capacité équivalent à la production de 876 000 m3 de biogaz, soit 9,4 millions de KWh. Il sera alimenté par 15 000 tonnes d'effluents d'élevage, Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique, c'est-à-dire les menues pailles, les fonds de silos etc.)
 

 

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