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Un jeune agriculteur isérois engagé

Isabelle Brenguier
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Dans le cadre de notre série consacré aux JA en maont de la Finale régionale de labour qui se déroulera à Sardieu-Ornacieux les 2 et 3 septembre, Terre Dauphinoise a rencontré le président des JA Aura, Jocelyn Dubost.
Même si le labour ne fait plus partie de ses pratiques, il porte un regard admiratif sur la discipline. 
Passionné par l’agriculture, ouvert sur les autres, et animé par une intarissable soif d’apprendre, il a trouvé son juste équilibre entre son métier et ses différents engagements. 

Un jeune agriculteur isérois engagé
« Même si je ne laboure pas chez moi, je trouve cette discipline très impressionnante. Cela demande beaucoup de précision. S’entraîner pour une finale de labour, c’est comme s’entraîner pour une compétition sportive », indique Jocelyn Dubost.

Plus jeune, Jocelyn Dubost avait pensé devenir cuisinier. Ou journaliste sportif. Mais sa passion pour l’agriculture et pour le végétal l’a rattrapé et l’a conduit à suivre des études agricoles (1) pour marcher dans les pas de son père, de son oncle et de son grand-père et reprendre la ferme familiale de Courtenay.

Installé en Gaec avec son oncle alors qu’il avait tout juste 20 ans, il considère avoir fait « ce qu’il conseille aux jeunes de ne pas faire », les invitant plutôt à aller voir ailleurs pour découvrir d’autres productions et pratiques.

Mais il ne regrette pas. Les aléas de la vie ont seulement précipité le projet d’installation qu’il murissait depuis plusieurs années déjà. Aujourd’hui, le président des JA Auvergne-Rhône-Alpes dirige seul son exploitation de 240 hectares.

Une moitié est mise en cultures de maïs, de blé, de soja, de tournesol et de chanvre et est équipée d’un réseau d’irrigation. Le reste est en prairies ou en jachère. Engagé dans des filières qualités, il a acheté, avec un collègue agriculteur, une moissonneuse-batteuse et a créé une petite entreprise de travaux agricoles. Elle lui permet de mieux maîtriser ses récoltes.

Nouvelles choses

Jocelyn Dubost a fait labelliser son exploitation en HVE (Haute valeur environnementale) il y a deux ans. Il est en sans labour depuis 2017, avec une petite partie en semis direct et le reste en techniques culturales simplifiées.

Intéressé par cette approche qui favorise la vie du sol, il a voulu la tester au sein de son exploitation. Le résultat le satisfait pleinement : il n’a pas souffert d’écart de production et a réalisé des gains de temps et financiers.

Le jeune agriculteur aime essayer de nouvelles pratiques. « Certains essais ont été concluants. D’autres pas. Mais nous avons essayé », estime-t-il. Il considère être installé dans un territoire porteur, entre Lyon, Grenoble et Chambéry, doté d’acteurs économiques lui permettant d’essayer de nouvelles choses.

Il cite la culture du chanvre qu’il a mise en place il y a deux ans, grâce à son collecteur, la Maison François Cholat. Car, les pieds sur terre, il déclare : essayer de nouvelles cultures, c’est bien. Mais si elles n’ont pas d’acheteurs, c’est compliqué ».

Lieu de vie

Le contact avec les autres et l’engagement ont toujours fait partie de la vie de Jocelyn Dubost. Plus jeune, il a fait du foot et du rugby. S’il a arrêté récemment la pratique de cette discipline, il s’est impliqué avec la bande de copains qu’il connaît depuis la maternelle, pour créer un club de rugby à Courtenay.

« C’est un gros projet. Nous avons dû tout créer, jusqu’aux infrastructures. J’ai toujours beaucoup apprécié le monde du sport collectif. Maintenant, je ne me vois plus jouer, mais j’aimerais suivre une formation pour devenir entraîneur », explique-t-il. Le jeune homme a aussi été investi dans différentes associations organisatrices de manifestations dans le village, et il est également encore membre du bar associatif d'Annoisin-Chatelans, le village dans lequel il vit. « Au-delà d’être un endroit où on peut passer boire un coup, c’est un lieu de vie et de rencontres fréquenté par toutes les générations. C’est très important de l’avoir et de le faire perdurer », souligne le jeune homme.

(1)   Jocelyn Dubost est titulaire d’un Bac STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant) et d’un BTS Acse (Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole), passés au Lycée agricole de La Côte-Saint-André.

Isabelle Brenguier

Pour en lire plus :

Interview de Jocelyn Dubost : "Faites-nous confiance"

Mieux comprendre les concours de labour

L'agriculture s'est modernisée

 

 « Cette grande région est une force »
Jocelyn Dubost est le président des Jeunes agriculteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Syndicalisme

« Cette grande région est une force »

Faisant partie du réseau JA depuis plusieurs années, il a rapidement pris des responsabilités jusqu’à devenir l’an dernier, le président de JA Aura.

Après un mandat à la tête des Jeunes agriculteurs de l’Isère, Jocelyn Dubost, agriculteur dans le Nord-Isère, a pris la présidence de JA Auvergne-Rhône-Alpes l’année dernière. Habitué à s’engager dans la vie locale, il a commencé à rejoindre les JA du canton de Morestel, alors qu’il n’avait que 18 ans, pour rencontrer des jeunes de son âge. Il s’est vite impliqué et a pris goût à défendre le métier.

« Je me suis découvert avec cette envie de ne pas rester chez moi à attendre, d’être moteur. Avec JA, j’apprends énormément, peut-être des choses qui ne me serviront jamais, mais ce n’est pas grave. Cela m’ouvre les yeux. Cela m’enrichit. Je suis convaincu qu’il faut toujours être dans la découverte, dans l’apprentissage, car nous avons un métier qui évolue en permanence », détaille le responsable.

Beaucoup d’idées

Jocelyn Dubost ne se voit pas comme le « patron » des jeunes exploitants, Mais plutôt comme leur porte-voix. « C’est grâce aux murmures des cantons, en les faisant passer par les échelons départemental, régional et national, que nous faisons avancer les dossiers. Une marmite ne bout jamais par le haut », explique-t-il.

Aussi, il estime qu’il est très important de se déplacer pour aller à la rencontre des adhérents de grande région Aura, pour voir toute la vie du réseau. Cela prend du temps mais il tient à le faire. Selon les périodes, il consacre entre un et cinq jours par semaine à JA. Il organise ses rendez-vous selon les pics d’activité de son exploitation, étant plus disponible en hiver qu’en été, au moment où il faut s’occuper des récoltes et de l’irrigation. Et il peut compter sur le soutien de son oncle qu’il embauche quand il doit s’absenter.

Jocelyn Dubost aime représenter les agriculteurs des 12 départements de la Région. Même s’il n’est pas forcément facile d’adopter une position commune, il se réjouit qu’entre chaque territoire, la parole soit aussi libre. « Cette grande Région est plus une force qu’une faiblesse. Finalement, nous sommes rarement en désaccord. Ce qui est important, c’est que nous portons beaucoup d’idées », assure-t-il.  

IB